Chérif, Maxime et les artistes

Publié le 16 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Il y a des joueurs spectaculaires, habiles à jeter de la poudre aux yeux. Mais faire le geste qu’il faut, quand il le faut, de la manière la plus simple, précise et rapide possible, c’est la marque du vrai génie. De 1966 à 1978, le Guinéen Chérif Souleymane fut l’un de ceux-là. Il était le football à l’état pur.
Milieu de terrain fin et discret, il imposait sa marque sur la construction du jeu brillantissime de l’équipe nationale de Guinée et du Hafia Conakry. Mais ce maître de manoeuvre se transformait, à l’approche du but, en redoutable goleador : sa frappe de balle puissante et lourde pardonnait rarement. Jamais las, jamais résigné mais toujours correct, il avait gagné le respect et l’admiration de tous.
Avec le Hafia, « Souley » remporta à trois reprises et fut deux fois finaliste de la Coupe d’Afrique des clubs. Mais s’il vécut les heures de gloire du football guinéen, il en partagea aussi les incertitudes, les erreurs et les échecs. Lors de la CAN 1976, en Éthiopie, il jouait au poste d’arrière central. Avec ses redoutables attaquants, le Syli de Guinée partait favori : la Coupe paraissait à portée de la main. Las, en fin de parcours, les Guinéens furent d’abord freinés par le Maroc (1-1) avant de rentrer bredouilles à Conakry. Trois ans après cette cruelle désillusion, Chérif raccrocha, mais sans quitter le football pour autant. En 1985, lors du Championnat du monde des moins de 17 ans, en Chine, c’est lui qui conduisait les jeunes Guinéens. Par la suite, il s’investira beaucoup dans la formation, prendra en charge la gestion du stade de Conakry… Cette reconversion en dents de scie s’explique largement par la versatilité de l’autorité de tutelle. Mais la résignation n’a jamais été le genre de la maison.
Nommé directeur technique national par Kader Sangaré, le jeune ministre guinéen des Sports, Chérif Souleymane a débarqué à Tunis avec le Syli 2004. Agréable surprise, il était accompagné d’un vieux complice, le légendaire Maxime Camara. Un vrai artiste que cet ancien ailier gauche. Tout en finesse, en légèreté et en esquive.
Et voilà que, sur les pelouses tunisiennes, le miracle a lieu. Judicieusement conseillés par Chérif et Maxime, les joueurs du Syli renouent avec la tradition du jeu bien léché et de la virtuosité technique. Comme au bon vieux temps, ils attaquent avec deux vrais ailiers de débordement – Souleymane Youla et Fodé Mansaré – et inscrivent des buts splendides. Les nostalgiques des années de braise du football guinéen sont aux anges. Ils se croient revenus trente ans en arrière. L’aventure prendra fin avec une élimination injuste face aux Aigles du Mali, mais quel spectacle !

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