Beaucoup de bruit

Publié le 17 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Depuis la promulgation de l’ordonnance n° 95-22 du 26 août 1995, amendée en 1998, une seule grande privatisation a été réalisée dans le pays en 2001 : le complexe sidérurgique
d’El-Hadjar, près d’Annaba, à l’est du pays, dont le groupe indien Ispat détient aujoud’hui 70 % du capital. Et pourtant, une liste de 89 entreprises publiques privatisables avait été dressée…
De fait, le programme lancé au lendemain de la libéralisation économique accuse à ce jour un retard considérable par rapport aux pays d’Europe de l’Est, eux-mêmes engagés dans un processus similaire au début des années 1990. Les raisons en sont multiples : lenteur dans le traitement des dossiers, baisse de l’activité du secteur public, rentabilité peu encourageante, résultat souvent négatif ou lourd endettement des entreprises, investisseurs frileux en raison d’une situation politique et économique peu stable,
hostilités syndicales On se rappelle d’ailleurs que l’UGTA, la puissante centrale, s’était farouchement opposée à ce programme initié par Hamid Temmar, l’ancien ministre
de la Participation et de la Promotion des investissements. Certes, entre 1994 et 1998, la mise en application d’un plan d’ajustement structurel du Fonds monétaire international
(FMI) avait entraîné la perte de plusieurs dizaines de milliers d’emplois salariés.
Après une période de léthargie, le sujet a rebondi début 2003 avec la tentative d’ouverture du capital de trois cimenteries (Meftah, Hadjar Soud et Zahana), qui s’est
soldée par un échec. Dix cimentiers internationaux avaient pourtant manifesté leur intérêt, mais au bout du compte, une seule des trois entreprises a fait l’objet d’une offre financière : Meftah (Alger), dont la société portugaise Cimpor proposait d’acheter 51 % du capital pour 41,5 millions d’euros. Une offre rejetée par le Conseil de participation de l’État (CPE). Les autorités envisagent de reconduire cette opération
avant l’échéance électorale d’avril 2004.
Le débat sur la privatisation est en tout cas relancé. Au mois de juillet 2003 a été retenue une deuxième liste d’une centaine d’entreprises publiques, à vendre d’ici à 2005. L’opération devrait se faire selon plusieurs formules : ouverture du capital, privatisation totale ou partielle, partenariat, cession aux salariés, etc. Elle est
accompagnée par les conseils de la banque d’affaires américaine Sterling Merchant, en charge du dossier. Les entreprises concernées se situent essentiellement dans les secteurs des transports, de l’agroalimentaire et de la chimie. Sont ainsi prévues l’ouverture de 49 % du capital de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan), la cession de 20 % du capital d’Air Algérie et la privatisation totale de l’entreprise d’engrais Asmidal. Des petites et moyennes entreprises ont aussi été retenues. D’autres secteurs, comme le textile, l’agroalimentaire et le bois, sont concernés par une privatisation totale ou partielle. Pour l’heure, l’opinion publique doute de la mise en application de ce programme à court terme. Les maigres résultats de la première liste en ont déçu plus d’un. Pour les Algériens, tout comme pour les investisseurs étrangers, la privatisation, pour l’instant, c’est beaucoup de bruit pour presque rien.

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