Séfarades d’antan
À la découverte d’un monde disparu : les communautés juives du Maghreb.
Publié le 16 janvier 2006 Lecture : 1 minute.
Jusqu’au début du XXe siècle, les juifs du Maghreb ont vécu en symbiose avec les musulmans, partageant l’essentiel de leurs coutumes et de leur mode de vie. Peu à peu, avec la colonisation, l’influence européenne se fait sentir, notamment dans les tenues vestimentaires. À Tunis, par exemple, si les femmes continuent à porter leur costume séculaire, les hommes abandonnent progressivement leurs vêtements traditionnels – pantalon bouffant, gilet et veste bordés de passementerie, burnous blanc, turban et chéchia – pour le complet veston, la cravate et le chapeau melon ou le canotier.
C’est cette évolution culturelle que laisse apparaître l’album de cartes postales que publient les éditions Bleu autour. Apparaître seulement, car les photographes de l’époque privilégiaient une vision exotique de leurs sujets. Leur principale préoccupation étant de nourrir l’imaginaire des métropolitains, ils cherchaient à fixer sur la pellicule ce qui pouvait paraître le plus extravagant. Quoi de plus insolite, par exemple, que cette « jolie juive marocaine » allongée, nue, sur un vieux tapis défraîchi ?
Le plus souvent, toutefois, ce sont des femmes richement habillées qui retiennent l’attention des photographes, comme fascinés par ces images de jeunes juives, citadines ou berbères, drapées dans de somptueux costumes brodés et couvertes de bijoux.
Contemplant ces traces d’un monde disparu, la romancière Clémence Boulouque, l’un des deux auteurs de ce livre attachant, s’interroge sur ses propres origines : « Je cherche des ressemblances, des traits fugitifs, avec certaines de ces femmes qui pourraient être une aïeule. Le passé se traque toujours, un peu, au miroir de clichés. »
Juives d’Afrique du Nord. Cartes postales (1885-1930), de Clémence Boulouque et Nicole S. Serfaty, éditions Bleu autour, 142 pages, 22 euros.
