Saber Rebaï, un Tunisien à l’Olympia

Publié le 17 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.

Celui qui se produira en vedette à l’Olympia le 7 février prochain – le troisième chanteur arabe après Oum Kalsoum et Abdelhalim Hafez, ce n’est pas rien ! – ne joue pas les stars, ni ne fournit d’efforts pour se tailler une image d’intello. De toute façon, on ne demande pas à un chanteur de donner des cours de philosophie mais d’avoir un caractère qui charme et une voix qui plaît. Et Saber Rebaï possède l’un et l’autre. À 28 ans, il est devenu la coqueluche du public tunisien. Ses concerts se déroulent à guichets fermés. Un succès assuré depuis l’enfance, si l’on en juge par son parcours. Ce natif de Sfax a eu la chance de voir le jour dans une famille où le père, enseignant, et la mère, au foyer, aiment et pratiquent la musique.

Il est initié dès l’âge de 10 ans au luth et commence par psalmodier le Coran. Sa première scène, c’est une salle de classe de son collège où il chante pendant le cours de musique. Après le bac, il quitte Sfax pour Tunis, avec famille et bagages, et s’inscrit à l’Institut supérieur de musique, où il obtient une maîtrise en musicologie. En 1985, il est lauréat d’un concours de jeunes talents et décroche sa première prestation publique au Festival de Carthage. Il récidive en 1992, et rafle cette fois le titre de « Révélation » des chansons francophones. En 1994, il réapparaît en solo à Carthage comme artiste professionnel. En 1996, il obtient sur cette même scène le Disque d’or de la chanson tunisienne.

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Sa carrière est lancée. Sa voix dépasse les frontières, et Saber est désormais sollicité dans tous les festivals du Moyen-Orient. Compositeurs et paroliers se bousculent pour travailler avec lui. Comme beaucoup, il parfait son art au Caire, temple de la chanson arabe (où il obtient le Micro d’or en 1997), puis au Liban, où une forte médiatisation contribue à installer définitivement sa notoriété.
Depuis, il ne cesse de voyager d’un pays arabe à l’autre, mais son grand amour demeure son pays : la Tunisie, « sa grande famille » qu’il estime ne jamais pouvoir quitter, notamment parce que sa musique y est ancrée. Alliant le traditionnel au moderne, celle-ci puise d’abord dans le patrimoine local : « Ma musique, insiste-t-il, n’est pas extraterrestre, ni archaïque, ni futuriste, mais elle contient une petite virgule de l’époque. C’est l’ancien mélangé à l’air du temps. » À preuve : son tube « Sidi Mansour » ou son nouveau disque Attahada al-Alam qui caracolent en tête des meilleures ventes.

Outre son talent, le secret de sa réussite réside dans sa rigueur au travail : « Il faut bouger, martèle-t-il, savoir se vendre, investir de son argent et de son effort. » Saber, le bosseur, n’est pas sfaxien pour rien. Il sait tracer son chemin sans s’attarder sur les critiques et intrigues du milieu. Comme il sait rester discret sur les questions d’argent : « On dit que mon dernier tube a cassé la baraque, mais je suis incapable de préciser combien j’ai vendu de disques. C’est au forfait que ça marche. » Force est de reconnaître le fléau du piratage et la quasi-inexistence de droits d’auteur dans le Tiers Monde. Mais enfin, ce qu’il gagne, ça permet de nourrir son homme, non ? « Al-hamdoulillah » (« Dieu merci »), se contente de confier Saber, avant de se tourner vers sa femme, comme pour l’appeler à l’aide. Elle a déjà la réponse prête, cette dame à poigne chargée de clientèle dans une banque et usant de son expérience, justement, pour gérer la carrière de son mari. « Il est facile à vivre, son succès ne lui monte pas à la tête. Il n’a que des qualités ! » précise-t-elle. Méfiez-vous, car on s’ennuie avec les êtres parfaits ! Saber tient à nuancer : « J’ai pas mal de défauts, dit-il, et j’aime en jouer. » Un vrai gamin, n’est-ce pas ?

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