Pétrole : jackpot nigérian

Publié le 17 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Premier producteur-exportateur d’or noir en Afrique, le Nigeria a réalisé, en ce début d’année 2006, la plus importante transaction « privée » sur le continent : 2,268 milliards de dollars pour la cession de 45 % des intérêts d’un permis pétrolier dans le delta du Niger, à environ 200 km au large de Port-Harcourt. L’acheteur ? Une compagnie chinoise basée à Hong Kong et cotée à la Bourse de New York : la CNOOC Limited, filiale à 70,64 % de la China National Offshore Oil Corp. (CNOOC).
La CNOOC Ltd. emploie plus de 2 500 personnes, possède des réserves de 2,2 milliards de barils équivalent pétrole (bep) et produit près de 400 000 bep/jour. C’est dire l’importance de son implantation dans le Golfe de Guinée, non loin des gisements de la Guinée équatoriale et de São Tomé e Príncipe. Son acquisition couvre un domaine de 1 300 km2, réparti en deux zones : une en cours de développement par la compagnie française Total (gisement Akpo) et une en cours d’évaluation (trois puits déjà identifiés : Egina, Egina-Sud et Preowei). Situés à une profondeur de 1 100 à 1 800 mètres en dessous du niveau de la mer, les réservoirs contiennent au minimum 1,1 milliard de bep prouvés.
Baptisé OML 130 (Oil Mining License), ce permis a été attribué au cours des années 1990 – en guise de récompense pour services rendus ? – au lieutenant-général à la retraite Theophilus Danjuma, ancien chef d’état-major et ancien ministre de la Défense du président Olusegun Obasanjo. Et plus précisément à l’une de ses sociétés, South Atlantic Petroleum (Sapetro). N’ayant pas les moyens financiers et techniques suffisants, celle-ci a noué un partenariat avec Total et le brésilien Petrobras (respectivement 24 % et 16 % des intérêts de l’OML 130), mais a gardé la majorité (60 %). Découvert en 2000, le premier gisement Akpo a besoin de 5 milliards de dollars pour devenir productif. Sapetro, qui a déjà reçu des avances de 518 millions de dollars de la part de ses deux partenaires, ne peut suivre. D’où la vente de 75 % de ses parts à la CNOOC Ltd. Qui lui a payé cash 1,75 milliard de dollars et a remboursé les 518 millions à Total et Petrobras. Tout est désormais en ordre pour que le Nigeria produise 225 000 bep par jour de plus à partir de 2008. C’est une opération doublement juteuse : pour l’ex-ministre de la Défense et pour la CNOOC. Selon les calculs de cette dernière, le pétrole sera extrait à un coût moyen de 4,6 dollars/bep et rapportera trois fois plus.
Pour les 130 millions de Nigérians, ce contrat ressemble aux autres : le pétrole, ils en entendent beaucoup parler (leur pays produira cette année 2,5 millions de barils/jour), mais des recettes engrangées (53 milliards de dollars prévus en 2006), ils ne touchent guère les dividendes…

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