À pas comptés

Refonte du secrétariat exécutif, projet d’électrification, promotion du secteur privé… Le sommet de Niamey a été marqué par plusieurs avancées sur la voie de l’intégration ouest-africaine.

Publié le 16 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.

Moderniser une institution vieille de trente ans et comprenant quinze pays* n’est pas chose aisée. Le XXIXe sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui s’est tenu le 12 janvier à Niamey, en a apporté la preuve éclatante. Cinq chefs d’État seulement ont fait le déplacement de la capitale nigérienne. Comme souvent dans ce genre de grand rendez-vous, les absences ont sans doute plus de signification que les présences. « Blaise Compaoré [Burkina Faso], Mathieu Kérékou [Bénin] et John Kufuor [Ghana] se sont décommandés à la dernière minute, « pour des raisons qui n’ont rien de politique » », avance prudemment un diplomate onusien. Finalement, seuls Olusegun Obasanjo (Nigeria), Amadou Toumani Touré (Mali), Faure Gnassingbé (Togo), Bernardo Vieira (Guinée-Bissau) et Gyude Briant (Liberia) sont venus discuter les derniers points d’une déclaration finale qui avait été négociée pied à pied pendant les cinq jours précédant le sommet. En toile de fond, le renforcement de l’intégration régionale et la réforme de la Cedeao. Ce vaste chantier passe notamment par un développement des échanges économiques, la libre circulation des personnes, une union douanière et, pourquoi pas, une monnaie unique. Mais force est de constater que sur tous ces dossiers, les avancées – il y en a eu – sont loin d’être suffisantes. « Les dernières années ont été consacrées à la résolution des conflits », a expliqué le président nigérian, laissant entendre qu’il était impossible de tout faire à la fois. « La priorité doit être la suppression des barrages routiers », estime, pour sa part, Ahmedou Ould Abdallah, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, pour toute l’Afrique de l’Ouest. À ce jour, seuls le Bénin, la Guinée et le Sénégal ont mis en circulation le passeport Cedeao. Manque de volonté politique ou de moyens, les quinze pays membres ont malgré tout décidé de « muscler » l’organisation censée les rapprocher pour la rendre plus efficace et incontournable. Première étape : la transformation du secrétariat exécutif en une Commission sur le modèle de l’Union africaine composée de neuf ou quinze commissaires. Après de laborieuses discussions, de nombreux conciliabules et une évaluation des coûts de chaque formule, c’est finalement l’option d’un président assisté d’un vice-président et de sept commissaires qui a été retenue. Mais pour la mise en oeuvre, la patience est de mise. « Ce projet est en cours de finalisation », a reconnu Mamadou Tandja, président en exercice de la Cedeao depuis un an et dont le mandat a été renouvelé pour la même période. « Nous espérons que cela sera terminé à la fin de 2006 », précise sa ministre des Affaires étrangères, Aichatou Mindaoudou, qui a suivi ce dossier. D’ici là, il va falloir désigner les commissaires, définir leurs compétences et recruter du personnel. En sachant qu’il y a quinze pays pour neuf places ! « Tout se passera dans la transparence et des appels à candidature seront lancés », promet l’institution. Si on en juge par la durée des huis clos à Niamey lorsqu’il s’agissait d’évoquer la répartition des postes, la partie promet d’être serrée.
Pour le reste, les chefs d’État ont bien évidemment fait un tour d’horizon de la situation régionale particulièrement chahutée. À propos de la Côte d’Ivoire, « des messages chaleureux et des encouragements sincères » ont été adressés au nouveau Premier ministre, Charles Konan Banny. Pas un mot, en revanche, à l’attention du président Laurent Gbagbo. Le Togolais Faure Gnassingbé ne s’est pas déplacé pour rien : ovationné par plusieurs dizaines de supporteurs devant le Palais des congrès, il a obtenu le soutien de la Cedeao pour une « reprise du dialogue avec l’Union européenne ». Mais la « star » incontestée de Niamey a été une femme. Qui plus est absente. Retenue à Monrovia par la préparation de son investiture, le 16 janvier, Ellen Johnson-Sirleaf a été longuement applaudie. Une façon sans doute de saluer le retour à la paix et de dissuader les fauteurs de troubles de reprendre du service.

* Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo.

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