Olmert n’est pas Sharon

Publié le 17 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Avec ou sans Ariel Sharon, les réalités démographiques et politiques sont ce qu’elles sont. C’est sûrement pour cette raison que Kadima, le parti centriste récemment créé, obtient d’aussi bons résultats dans les sondages qu’il y a quelques semaines, bien que les Israéliens sachent désormais que Sharon ne sera pas à sa tête.
Kadima comble un vide politique. La position du Likoud reste inchangée : c’est un refus catégorique de céder la moindre parcelle de territoire, ce que l’opinion israélienne juge peu réaliste. Le Parti travailliste, de son côté, s’oppose à l’unilatéralisme et veut négocier un accord global avec les Palestiniens. Les Israéliens trouvent que c’est naïf. « Les Palestiniens n’ont rien à proposer, mais nous, nous ne pouvons pas nous incruster éternellement. Ce sont les deux impératifs que devra respecter tout gouvernement israélien », estime Alon Pinkus. Ce qui implique une forme de désengagement unilatéral.
À coup sûr, le rôle de Sharon était vital. Il était le seul à pouvoir violer le tabou frappant toute restitution de territoires et toute évacuation des colons. Les Israéliens lui faisaient confiance pour mettre en oeuvre une politique difficile. Il était crédible à droite, auprès des forces de sécurité et auprès de secteurs clés de l’électorat. Ehoud Olmert, son probable successeur, a plaidé pour le retrait de Gaza bien avant Sharon, mais il aura d’énormes difficultés à prendre de nouvelles initiatives. Parce qu’aux yeux de la droite israélienne, la Cisjordanie est beaucoup plus importante que ne l’était Gaza. Et puis, Olmert n’est pas Sharon…

Même avec toutes ces réserves, je ne crois pas que l’absence de Sharon soit la principale pierre d’achoppement du processus de paix au Proche-Orient. Le grand obstacle, ce ne sont plus les intentions israéliennes, mais les capacités palestiniennes. Le point fondamental que personne n’est encore disposé à admettre est que l’Autorité palestinienne a perdu toute autorité, que Gaza va à vau-l’eau et qu’il n’existe pas une seule organisation politique palestinienne capable de rétablir l’ordre dans les territoires et de négocier avec Israël. L’impuissance des Palestiniens est aujourd’hui le principal facteur qui bloque toute avancée du processus de paix. […]
Si les États-Unis et la communauté internationale veulent le relancer, leur priorité doit être de faire en sorte que les Palestiniens soient à nouveau capables de gouverner. Sans cela, les intentions israéliennes n’ont aucune importance. Si les Palestiniens se reprennent en main, l’attention se portera forcément sur les Israéliens. À ce moment-là, les États-Unis pourront presser Israël d’aller plus avant dans la direction esquissée par Sharon et d’entamer un processus qui aboutira inévitablement à la création d’un État palestinien occupant plus de 90 % des territoires annexés après la guerre de 1967.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires