Franc CFA : au Sénat français, des interrogations sur la fin des « irritants »

La Commission des finances s’interroge, par ailleurs, sur les tensions entre l’Uemoa et la Cedeao.

Un rapporteur spécial du Sénat français conduit des auditions sur la réforme du franc CFA. © Senat.fr

Un rapporteur spécial du Sénat français conduit des auditions sur la réforme du franc CFA. © Senat.fr

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Publié le 24 juillet 2020 Lecture : 3 minutes.

Les sénateurs Nathalie Goulet (Union centriste, Orne) et Victorin Lurel (Parti socialiste, Guadeloupe) de la Commission des finances de la chambre haute française ont fait un bilan d’étape, à la mi-juillet, de leur mission de « contrôle budgétaire » sur le projet de réforme du franc CFA, annoncé le 21 décembre par les présidents Emmanuel Macron et Alassane Dramane Ouattara et objet d’un projet de loi déposé le 22 mai dernier devant le Parlement.

Dominique Strauss-Kahn auditionné

Selon le compte-rendu de cette rencontre, les auditions menées par les deux sénateurs – qui ont notamment interrogé l’ancien ministre des Finances et ex-directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn – ont permis de relever « beaucoup d’incompréhensions sur le fonctionnement réel de cette monnaie et la nature des relations entre Paris et les pays africains ».

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Selon Nathalie Goulet, le principe, « le plus critiqué symboliquement et le plus mal compris des opposants au franc CFA, est celui de la centralisation d’une partie des réserves de change des banques centrales des trois zones monétaires auprès du Trésor français ».

« Les opposants au franc CFA se servent de ce principe pour expliquer que le colonialisme français se poursuit par la voie monétaire, avec le blocage des réserves de change auprès du Trésor français. Cette affirmation, inexacte, engendre des polémiques », a estimé la sénatrice française, pour qui la réforme en cours est « une bonne chose ».

À ses yeux, elle « devrait mettre fin aux ‘irritants’, tel que le nom de la monnaie ou encore l’obligation de centralisation d’une partie des réserves de change ».

Quelle est la position de l’Europe ?

Mais pour la parlementaire française, rejointe par son collègue du parti socialiste, Victorin Lurel, d’autres incompréhensions survivent. « Nous avons d’ailleurs été surpris de voir que l’Europe et, en particulier, la Banque centrale européenne (BCE), était assez peu impliquée sur ce sujet. C’est un point que nous devons approfondir dans le cadre de notre travail », a-t-elle insisté.

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Pour le sénateur de Guadeloupe, « on ne sait quelle est la position de la BCE. Il faudrait également recueillir l’opinion de l’Union européenne et de la Commission. » L’ancien ministre français des Outre-mer s’est également montré critique envers la décision prise par les pays francophones d’adopter le nom « eco » pour la future monnaie commune.

« On a par ailleurs l’impression qu’une OPA [Offre publique d’achat] a été réalisée par l’Union monétaire d’Afrique de l’Ouest (Umoa) sur la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) […] Le Nigeria et d’autres pays n’ont pas manqué de formuler des critiques d’ordre économique et politique, en évoquant une usurpation de titre à propos du nom et du projet d’eco », a-t-il regretté. Pour lui, il faudra durant les semaines à venir « entendre les opposants, notamment des ressortissants des pays où le franc CFA est la monnaie officielle ».

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La pandémie du Covid-19 et les restrictions qu’elle a engendrées ont empêché les représentants français de poursuivre les auditions prévues selon le rythme ordinaire.

D’autres retards dans le calendrier

Ce retard n’est pas le seul constaté dans le calendrier de transition du franc CFA vers l’eco en Afrique de l’Ouest. Le changement de dénomination annoncé pour le 1er juillet n’a toujours pas eu lieu. Il en va de même pour la fin de la centralisation des réserves de change de la BCEAO à Paris. « L’accord de coopération monétaire du 21 décembre 2019 […] doit être ratifié par l’ensemble des États membres parties à l’accord avant d’entrer en vigueur », a expliqué à Jeune Afrique, Paul Teboul, chef du bureau Afrique subsaharienne, Zone franc et Agence française de développement au ministère français de l’Économie et des Finances.

« Nous travaillons toutefois avec nos partenaires africains pour mettre en œuvre par anticipation cet accord, notamment sur la question de la fin de la centralisation des réserves de change sur un compte au Trésor, dont on s’attend à ce qu’elle intervienne dans les prochaines semaines », a affirmé le haut fonctionnaire français.

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