Méningites : attention, danger !

Publié le 16 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.

Capable de tuer un enfant en quelques heures, la méningite fait peur bien qu’on dispose d’un traitement très efficace.
C’est une vieille histoire. La première épidémie a été décrite en 1805 chez les soldats suisses qui ont transmis la maladie à l’armée prussienne. Dès 1885, le germe en cause a été découvert : le méningocoque (MNGO).
Les premiers cas africains sont observés au Ghana en 1908. Depuis lors, l’Afrique sahélienne, du Sénégal à l’Éthiopie (la ceinture de la méningite), est balayée en saison sèche par des épidémies faisant des centaines de milliers de malades et des dizaines de milliers de morts. Le danger d’épidémie est toujours présent puisque 15 % à 20 % des personnes saines portent le MNGO dans leurs gorges.

Ce MNGO est bien connu. Pendant longtemps, les souches A et C ont été les seules en cause en Afrique, alors que les souches B et C sévissaient en Europe. En 2000, une souche W est apparue au cours du pèlerinage de La Mecque et s’est dispersée avec les pèlerins.
La maladie atteint surtout les enfants de 5 à 15 ans. Parfois précédée d’une rhino-pharyngite, elle débute par une fièvre élevée, accompagnée de violents maux de tête, de vomissements, d’une difficulté à plier la nuque, d’une gêne en présence de la lumière et d’une douleur au simple contact de la peau. Plus grave est l’apparition sur la peau de petites taches hémorragiques (purpura), accompagnées d’un malaise intense : c’est le purpura fulminans, qui nécessite un traitement immédiat.
En l’absence de traitement, la mort survient dans 60 % à 80 % des cas. Avec le traitement antibiotique précoce, la guérison est observée dans 85 %, le décès dans 10 % et des séquelles sérieuses dans 5 % des cas (surdité, cécité, troubles nerveux ou psychiques).
C’est dire l’intérêt d’un diagnostic précoce par un examen simple : la ponction lombaire. On introduit une aiguille entre deux vertèbres pour prélever du liquide céphalorachidien (LCR) dans les méninges. En cas de méningite, le LCR est enflammé et contient le MNGO. D’autres germes causent des méningites, mais ils sont moins épidémiques.
Le traitement est simple. C’est l’association d’antibiotiques dont quatre sont actifs : céphalosporine, amoxicilline, ampicilline et thiamphénicol. En cas de pénurie, le chloramphénicol reste un excellent traitement malgré un risque faible d’effets secondaires.

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Prévenir l’épidémie autour des premiers cas c’est :
a) traiter les malades ;
b) traiter par antibiotiques les personnes en contact très rapproché puisque le germe est transmis à 2 mètres au maximum par les gouttelettes de salive (postillons) ou la toux ;
c) et vacciner largement la population à risque (écoles, villages, tranches d’âge, voire toute une région).
Prévenir l’épidémie, c’est aussi éviter les rassemblements (écoles, fêtes, marchés, etc.).
Les méningites illustrent le mystère des rapports entre les germes et l’homme. Ils cohabitent pendant des années sans ennui. Puis un jour le germe devient agressif. Pourquoi ? Mauvais état général, irritation de la gorge par les vents ou le sable, froid, surpeuplement… Peut-être intervient aussi le « génie épidémique » des maladies que Charles Nicolle évoquait à Tunis, où il obtint le prix Nobel.

Cet article a bénéficié des conseils du Dr P. Nicolas, Unité du méningocoque, Centre collaborateur de l’OMS, Institut de médecine tropicale du service de santé des armées, Marseille, France.

* Membre correspondant de l’Académie de médecine. Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan.

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