Les Pasdarans décapités

L’état-major des Gardiens de la Révolution ce véritable État dans l’État disparaît dans un accident d’avion près de la frontière turque.

Publié le 16 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

L’Iran a, le 10 janvier, décidé de reprendre ses activités d’enrichissement de l’uranium, volontairement suspendues depuis octobre 2003, et de briser les scellés posés par les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans trois de ses centres de recherche nucléaire. Un geste qui va braquer un peu plus les Occidentaux, déjà refroidis par l’élection de l’ultraradical (et ultraprovocateur) Mahmoud Ahmadinejad, et pourrait précipiter une saisine du Conseil de sécurité des Nations unies : les Russes et les Chinois, mieux disposés à l’égard de Téhéran que les Américains et les Européens, ne pourront sans doute pas indéfiniment l’empêcher. « La confrontation ne nous fait pas peur, nous avons les moyens de riposter en cas d’attaque », semblent dire les mollahs…
Singulière et fâcheuse coïncidence : au même moment, un Falcon militaire avec à son bord une quinzaine de personnes s’écrasait à une douzaine de kilomètres de la bourgade d’Ouroumiyeh, dans l’Azerbaïdjan iranien, près de la frontière turque. C’est le second crash en un mois. Le 6 décembre 2005, déjà, un transporteur de troupes de type Hercules C-130 s’était écrasé contre un immeuble d’habitation à Téhéran, causant la mort de 108 personnes. Cette fois, l’appareil accidenté ne transportait pas de simples soldats, mais l’état-major au grand complet des forces terrestres des Gardiens de la Révolution, les fameux Pasdarans, le corps d’élite de l’armée iranienne. Parmi les victimes figurent le général Ahmed Kazemi, un héros de la guerre contre l’Irak, et le commandant Nabiollah Shahmoradi Hanif, le chef des services de renseignements.
Contrairement aux forces régulières, pléthoriques mais mal équipées, les Pasdarans sont l’objet de toutes les attentions du régime et disposent des meilleurs équipements, notamment des Shahab 3, ces missiles longue portée qui inquiètent tant les États-Unis et leur allié israélien. Créé par l’ayatollah Khomeiny et fer de lance idéologique et militaire de la République islamique, le corps des Pasdarans est souvent accusé de soutenir en sous-main la guérilla irakienne, mais aussi de livrer des armes au Hezbollah libanais et aux Palestiniens du Hamas et du Djihad islamique. Véritable État dans l’État, il mène une politique largement autonome et pousse à la confrontation avec le Grand Satan américain.
Reste que ce crash met en évidence l’obsolescence d’une grande partie de l’aviation de guerre iranienne, dont la modernisation est rendue impossible par les sanctions américaines et l’embargo européen sur la vente d’appareils militaires. Il pose aussi la question de savoir si l’Iran a véritablement les moyens militaires de sa politique d’escalade avec l’Occident.

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