Présidentielle en Côte d’Ivoire : pour Henri Konan Bédié, « l’âge est un atout »

Pour l’ex-chef d’État ivoirien, qui devait être investi ce dimanche à 86 ans candidat à la présidentielle d’octobre par le PDCI, son « âge est un atout ».

Henri Konan Bédié, à Paris le 10 septembre 2019. © Vincent Fournier pour Jeune Afrique

Henri Konan Bédié, à Paris le 10 septembre 2019. © Vincent Fournier pour Jeune Afrique

Publié le 26 juillet 2020 Lecture : 3 minutes.

« Pour nous au PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), l’âge c’est un atout. L’âge réunit l’expérience et aussi la compétence », a déclaré Henri Konan Bédié à des journalistes après avoir voté, ce dimanche 26 juillet, au siège du parti à Abidjan lors de la convention d’investiture du parti.

L’ancien président ivoirien (1993-1999), chassé du pouvoir par un putsch, et qui espère retrouver la magistrature suprême après deux candidatures (invalidée en 2000 et infructueuse en 2010, où il était arrivé troisième), affirme « remplir une mission de salut public pour restaurer la Côte d’Ivoire ».

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« Si nous nous présentons, c’est surtout pour les nouvelles générations », « les jeunes assaillis par le chômage » (…) pour esquisser avec eux un avenir meilleur », a assuré le dirigeant du PDCI, critiqué par ses adversaires pour son âge avancé et qui sera le doyen du scrutin présidentiel du 31 octobre.

L’issue du vote d’investiture ne fait guère de doute, puisque l’ex-chef d’État ivoirien est candidat unique au PDCI, après l’invalidation d’une candidature rivale.

Sept ans d’expérience à la magistrature suprême

Quelque 9 000 délégués sont inscrits dans 388 bureaux de vote sur tout le territoire et à l’étranger pour la diaspora, pour cette « convention éclatée » pour cause de coronavirus. Le résultat provisoire sera proclamé lundi 27 juillet à midi, a expliqué Maurice Kakou Guikahué, numéro deux du parti.

À la « Maison du PDCI » à Abidjan, militants et militantes portaient chemises, robes, casquettes et même masques anti-coronavirus aux couleurs du parti : un tissu aux motifs verts, avec le sigle frappé d’un éléphant, et la photo en médaillon de Félix Houphouët-Boigny, fondateur du PDCI, premier président ivoirien et « père de l’indépendance », toujours la figure tutélaire du pays 27 ans après sa mort, et mentor revendiqué de Henri Konan Bédié.

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« HKB » est apparu vers 11h30, marchant lentement mais apparemment en forme, vêtu de son traditionnel abacost, pour aller déposer son bulletin dans l’urne. Celui que l’on surnomme, du fait de sa parole rare, le « Sphinx de Daoukro » (la ville où il réside dans l’intérieur du pays), s’est ensuite adressé à quelques journalistes dans son bureau, s’exprimant posément.

« Mon parti estime que je suis le mieux placé, l’homme de la situation. Il ne faut pas oublier que j’ai gouverné ce pays pendant sept ans », a-t-il dit, après avoir dressé un bilan sévère de l’état de la Côte d’Ivoire.

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Le PDCI a gouverné de conserve avec le parti du président Alassane Ouattara de 2011 à 2018, avant que l’alliance n’éclate, précisément sur la question du choix du candidat à la présidentielle de 2020.

Une candidature Ouattara se dessine

Ceux qui critiquent mon âge, « c’est leur problème ! Il n’y a pas d’âge limite au regard de la Constitution », a fait valoir Henri Konan Bédié. « Je réunis actuellement toutes mes forces physiques et intellectuelles », a-t-il assuré.

Il affrontera probablement le président Alassane Ouattara, 76 ans, dont la candidature pour un troisième mandat se dessine, après la mort brusque de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, terrassé à 61 ans par une crise cardiaque le 8 juillet.

Alassane Ouattara avait annoncé en mars ne pas se représenter pour laisser la place à la « nouvelle génération », critiquant de manière allusive la volonté de Henri Konan Bédié de se représenter. Mais le décès de son dauphin a bouleversé ses plans, et il va sans doute forcer le président à reprendre le flambeau du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir), faute d’autre candidat consensuel, selon les analystes.

Le troisième grand parti national, le Front populaire ivoirien (FPI, d’opposition) n’a pas encore fait connaître sa position pour la présidentielle. Son fondateur l’ex-président Laurent Gbagbo, 75 ans (au pouvoir de 2000 à 2010) est en liberté conditionnelle depuis son acquittement par la Cour pénale internationale, et la possibilité de son retour en Côte d’Ivoire n’est pas tranchée.

Enfin, l’ex-chef rebelle et ancien Premier ministre Guillaume Soro, 47 ans, ancien allié de Ouattara, s’est déclaré candidat, mais il vit en exil en France après sa condamnation par la justice ivoirienne à 20 ans de prison pour « tentative d’insurrection ».

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