Christine Lagarde : « La croissance dans les pays arabes a trop souvent profité aux riches »

De passage au Maroc, pour la première fois depuis qu’elle dirige le Fonds monétaire international, Christine Lagarde a prononcé une allocution très attendue devant les membres du Conseil économique, social et environnemental. Fragilité de la reprise et stagnation des classes moyennes ont été au coeur de son message.

Christine Lagarde a pris la direction du FMI en juillet 2011. © Bruno Lévy/JA

Christine Lagarde a pris la direction du FMI en juillet 2011. © Bruno Lévy/JA

Publié le 9 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

La directrice du Fond monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a tenu, jeudi 8 mai au siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Rabat, une conférence de presse axée sur la fragilité de la reprise économique et de la distribution des fruits de la croissance dans les pays de la région.

« La bonne nouvelle, a noté la directrice générale du FMI en guise d’introduction, est que sur le front économique, la situation s’améliore comme en témoignent la poussée des exportations, l’augmentation de l’investissement public et les signes précurseurs d’une reprise de l’investissement privé. »

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Permettez-moi ici de parler franchement : les dividendes de la croissance ont bien trop souvent profité aux riches en laissant bien trop de personnes sur le côté.

L’ancienne ministre française de l’Économie et des Finances a également salué les efforts accomplis par certains pays, à l’instar du Maroc qui selon elle recueille « les fruits de leurs efforts de diversification notamment dans les secteurs à forte valeur ajoutée comme les industries automobile, aéronautique et électronique ».

Tout n’est pas rose

« Pourtant, a martelé Christine Lagarde, ces progrès restent fragiles. » Aux tensions politiques et sécuritaires qui « assombrissent les perspectives de la région », s’ajoute le risque que ferait peser « un retournement de situation dans les pays émergents, en Europe ou dans la région du Golfe » sur les pays de la région.

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Instabilité d’autant plus dangereuse, selon la patronne du FMI, que dans une zone où chaque année « 3 millions de jeunes arrivent sur le marché de l’emploi (…) les dérives budgétaires, l’endettement effréné, la montée de l’inflation ou l’érosion des réserves de change ne feraient que freiner le progrès et pèseraient en premier lieu sur les plus démunis ».

Piliers

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Pour répondre à ces défis, Christine Lagarde estime que deux piliers sont à prendre en considération : les petites et moyennes entreprises d’une part, et les classes moyennes de l’autre.

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Les premières font face à un certain nombre de contraintes comme le climat des affaires ou encore l’accès au financement. « À l’heure actuelle, la région a le plus faible pourcentage au monde d’entreprises disposant de lignes de crédit ou de prêts, et moins de 10 % des crédits vont aux petites et moyennes entreprises », a-t-elle rappelé.

Autre volet : les classes moyennes, dont la part a reculé dans plusieurs pays ces dernières années, comme au Maroc ou encore en Égypte. « Permettez-moi ici de parler franchement : les dividendes de la croissance ont bien trop souvent profité aux riches en laissant bien trop de personnes sur le côté », a assené la directrice générale du FMI.

Pour conclure, Christine Lagarde préconise trois réformes à mener en parallèle : la promotion d’un environnement favorable au secteur privé (réglementation, financement, infrastructures), la création d’emplois pour les jeunes et l’application des règles avec impartialité.

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