[Chronique] « Akon City » au Sénégal, l’écologie akonlogique
L’artiste et entrepreneur Akon confirme l’érection d’une ville futuriste sur les terres sénégalaises de ses ancêtres. Subtile combinaison de business, de conscience écologique et de culte de la personnalité.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 29 juillet 2020 Lecture : 2 minutes.
« Akoncentré », Alioune Badara Thiam ? Après la cryptomonnaie « Akoin » et le programme « Akon lighting Africa », le chanteur de RnB américain accole son nom d’artiste à la ville durable « Akon City ». Lentement mais sûrement, la nouvelle localité « pousse » dans la zone de Mbodiène, sur la côte sénégalaise.
Même né dans le Saint-Louis du Missouri, le premier artiste en solo à avoir par deux fois placé deux titres simultanément numéro 1 et 2 au Billboard américain « Hot 100 » a toujours revendiqué des racines ancrées dans le pays de l’autre Saint-Louis, celui d’Afrique de l’Ouest.
« I’m from Senegal, West-side », chantait-il en anglais, il y a plus de quinze ans. Logique que ses démangeaisons entrepreneuriales se déploient vers l’Afrique. À l’aise dans les palais présidentiels, le fondateur du label Konvict Muzik et de la ligne de vêtements Konvict Apparel est rapidement intervenu sur le continent, notamment avec la commercialisation de lampadaires et micro-centrales via la société « Akon Lighting Africa » et son objectif d’un million de ménages ruraux africains électrifiés. Avec la fondation « Konfidence Foundation », il vient en aide aux enfants défavorisés.
Capable de vêtir avec sa marque de vêtements, de remplir les portefeuilles virtuels avec sa cryptomonnaie, de distraire avec sa musique et d’éclairer avec ses systèmes solaires, Akon ne pouvait que franchir le pas d’un laboratoire urbain autonome.
6 milliards de dollars
En exergue du projet de dynamisation touristique de la Petite-Côte porté par le gouvernement sénégalais, la ville verte et durable « Akon City » s’étendra sur 800 hectares et mobilisera 6 milliards de dollars. D’ici 2023 apparaîtront des routes, un commissariat, une station de traitement des déchets, une centrale électrique et des centres médicaux, éducatifs et commerciaux. D’ici 2029 seront érigés des parcs, des universités, un complexe sportif et un stade.
Là aussi, les bons sentiments environnementaux et culturels rencontrent le lobbying politique et la stratégie managériale, avec des objectifs de rentabilité dans le secteur du tourisme durable. Même si les simulations visuelles évoquent les cités psychédéliques de la science-fiction occidentale, Akon souhaite voir émerger « une architecture propre au Sénégal ». Objectif louable, quand les logements individuels des classes aisées ressemblent souvent au « Palais idéal du facteur Cheval » et le monument de la Renaissance africaine à une statue propagandiste nord-coréenne…
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