Dérive islamophobe
Publié le 17 janvier 2006 Lecture : 1 minute.
La rédaction de l’hebdomadaire norvégien Magazinet n’a pas franchement fait montre d’une grande délicatesse vis-à-vis des quelque 80 000 musulmans du royaume scandinave. Le 10 janvier, jour même de l’Aïd el-Kébir, le magazine chrétien à tirage secret a publié un étrange « message de vux » aux adeptes de l’islam : douze caricatures satiriques de Mohammed, où ce dernier est représenté, entre autres postures désavantageuses, avec une ceinture d’explosifs autour du cou. Le tout accompagné de légendes plus méprisantes et
ironiques les unes que les autres. Quand on songe que l’islam proscrit toute représentation du Prophète, on imagine l’émoi des fidèles.
Le populiste Carl Hagen, chef du Parti du progrès, formation d’extrême droite ayant pour mot d’ordre « rendre à la Norvège sa blancheur », a jeté de l’huile sur le feu, le même jour, en abondant dans le même sens. Blessés, les musulmans norvégiens ont vivement dénoncé les « agressions médiatiques » dont ils sont l’objet. Le président de la Ligue du monde islamique, le Saoudien Abdallah Turki, s’en est vite mêlé, fustigeant depuis La Mecque ces « atteintes regrettables » aux symboles de la foi musulmane. Ménageant le journal, Olaf Thommessen, vice-président du Parti libéral, s’en est cependant pris au leader populiste : « Carl Hagen montre son vrai visage. La rhétorique qu’il emploie est
la même que celle de l’entre-deux-guerres et des hommes politiques d’extrême droite de l’Europe d’aujourd’hui, comme Le Pen et Haider. »
Les Norvégiens, dans cette affaire, semblent avoir été contaminés par leurs voisins du Danemark, puisque c’est un quotidien de la droite danoise, Jyllands-Posten, qui fut le premier à avoir publié, le 30 septembre, les caricatures reprises dans Magazinet. Ce
sont aussi des populistes danois comme Pia Kjaersgaard qui alimentent depuis ce que le président du centre antiraciste norvégien appelle le « terrorisme verbal » antimusulman.
