Cécilia rentre au bercail

Publié le 16 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.

Résigné à s’expliquer sur la crise de son mariage, Nicolas Sarkozy concluait, il y a sept mois, sur le plateau de France 3, sa brève confession : « Cécilia compte beaucoup pour moi, et je crois que la réciproque est vraie. » La réciproque s’est vérifiée. Cécilia est revenue. Après avoir longtemps fulminé contre les révélations de la presse sur ses malheurs conjugaux, le ministre de l’Intérieur a sans doute lu avec plaisir et soulagement tous les détails de son retour affectueusement racontés au Parisien par son ami Patrick Balkany, le député UMP des Hauts-de-Seine. Cécilia « est tombée amoureuse de quelqu’un d’autre à un moment où Nicolas était submergé de boulot, moins proche, plus irritable ». Il aurait pu ajouter, selon les familiers de la maison UMP : séducteur et infidèle, un danger permanent dans cette politique « aphrodisiaque », lieu de toutes les tentations. « Mais elle n’a jamais cessé de l’aimer, assure Balkany, et avec l’autre, c’est fini. » Nicolas va pouvoir reprendre avec elle non seulement la vie commune familiale, mais leurs communs combats politiques où ils n’avaient cessé de se soutenir l’un l’autre depuis dix-sept ans.
Leur stratégie d’image, inspirée des grandes sagas présidentielles américaines, était celle d’un couple uni, main dans la main pour la conquête du pouvoir suprême. À la mégaconvention de l’UMP, où « Sarko » se fait adouber président du parti, les reportages télévisés la montrent rayonnante, lançant des baisers à la tribune, où son mari galvanise la foule des militants. Aussi la surprise est-elle immense quand, le dimanche 22 mai 2005, une nouvelle affole les rédactions : Cécilia est partie en Jordanie avec son nouveau compagnon, Richard Attias, l’un des publicistes qui avait organisé avec elle le triomphe du Bourget. Nicolas confirme involontairement le scandale en annulant son intervention prévue pour le soir même au journal de 20 heures de TF1. Dans une première réaction de désarroi, ses collaborateurs prétextent une subite fatigue. Le ministre comprend bientôt son erreur. Il doit jouer jusqu’au bout la transparence dont il a fait sa règle de conduite face au pays. Le 26 mai, il confie sur France 3 « une vérité toute simple : comme des millions de familles, la mienne a connu des difficultés ». Il en parle déjà au passé parce qu’il est persuadé de les surmonter. À ceux qui le voient « sonné et triste », il assure qu’il saura « encaisser ». Il y mettra du temps. Relancées par une photo de Cécilia et Richard en couverture de Paris-Match qui le brouillera avec le patron du journal, son « ami » Arnaud Lagardère, les indiscrétions des médias l’écoeurent et l’indignent. Elles restent pourtant relativement mesurées. Si l’affaire s’était passée à Londres ou à Washington… Il ne craint pas d’ailleurs de les alimenter en affectant d’avoir retrouvé le bonheur avec une journaliste politique du Figaro, Anne Fulda. Il laisse dire et écrire, ne se fâche plus. Peut-être commence-t-il à se rendre compte qu’avant d’être victime des atteintes à sa vie privée, il les a imprudemment encouragées en se mettant en scène avec Cécilia pour les scénarios de sa réussite. « Il m’est arrivé de lire des articles où l’on me rappelait à la discrétion. Eh bien vous l’aurez désormais. » Avec son habileté d’avocat, il ajoute cette malice : « Et je suis sûr que vous la respecterez. » Il l’a fait respecter « en tout cas lorsqu’il empêche la publication d’une biographie consacrée à Cécilia par une journaliste de Gala. Le titre en était bien choisi : « Cécilia Sarkozy entre le coeur et la raison ». Mais il n’était déjà plus vrai. Le coeur et (ou) la raison allaient bientôt la ramener à son mari qui lui demandait jour après jour de revenir en s’engageant à repartir avec elle pour le meilleur ou pour le pire de la politique.
Le feuilleton n’est pas terminé pour autant. L’intérêt avec lequel l’ont suivi un grand nombre de Français, et aussi de leurs voisins, à en croire les unes de la presse européenne, révèle plus et mieux qu’une curiosité émoustillée pour les rubriques people. Les sondages montrent que la cote de confiance de Nicolas Sarkozy n’a à aucun moment fléchi durant les sept mois d’une love story élevée au rang d’événement politico-médiatique, et qui menaçait de retomber en mauvais psychodrame. Il est toujours le présidentiable le mieux placé à droite. En regagnant sa femme, il a montré une fois de plus qu’il savait récupérer à son profit les mauvais coups du sort pour gagner finalement la partie. L’absence de Cécilia ne l’aurait certes pas détourné de la grande partie élyséenne, mais avec elle de nouveau à ses côtés, la longue marche sera plus sûre.

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