Africa Progress Panel : les industries illégales coûtent 20 milliards par an à l’Afrique

L’Afrique subsaharienne perd environ 20 milliards de dollars par an à cause de la pêche et de l’exploitation forestière illégales, selon un rapport de l’Africa Progress Panel, un think tank présidé par le Ghanéen Kofi Annan.

Africa Progress Panel estime que les pays africains perdent autour de 17 milliards de dollars par an à cause de l’exploitation forestière illégale. © AFP

Africa Progress Panel estime que les pays africains perdent autour de 17 milliards de dollars par an à cause de l’exploitation forestière illégale. © AFP

Publié le 8 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

Après s’être attaché à dénoncer les flux financiers illicites dans la précédente édition de son rapport annuel, l’Africa Progress Panel (APP), un think tank animé par une dizaine de personnalités et dirigé par l’ancien Secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU) Kofi Annan, se penche cette année sur la même question, cette fois du point de l’exploitation forestière et agricole en Afrique. Selon le panel, les pays d’Afrique subsaharienne perdent environ 20 milliards de dollars par an à cause de la pêche et de l’exploitation forestière illégales.

Dans l’introduction du document, Kofi Annan explique que « quelques corrompus » ont amassé « une fortune personnelle » grâce à la pêche et à l’exploitation forestière illégales. « Les ressources qui devraient être utilisées pour l’investissement en Afrique sont pillées par les activités des élites locales et des investisseurs étrangers, dénonce le rapport. Les conséquences sociales, économiques et humaines sont dévastatrices ».

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Des navires en provenance d’Asie de l’est et la Russie

Les côtes africaines abritent certaines des zones de pêche les plus poissonneuses au monde, en particulier les côtes de la Mauritanie, de la Namibie et du Mozambique qui constituent un aimant pour les flottes mondiales. Selon le rapport, plusieurs estimations crédibles suggèrent que la plupart de cette activité illégale est le fait de « navires en provenance d’Asie de l’Est et la Russie »

La menace concernant les eaux africaines a augmenté au cours des deux dernières années en raison de deux nouvelles tendances : alors que les prix mondiaux du poisson ont atteint des sommets, portés par l’appétit croissant de la Chine pour les espèces haut de gamme, la diminution des captures due notamment à des politiques de conservation plus strictes en Amérique et en Europe a joué à la baisse sur l’offre. Le manque à gagner pour les pays ouest-africains représenterait plus de 1 milliard de dollars par an selon le rapport.

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« Ces chiffres sous-estiment les coûts sociaux, économiques et environnementaux réels de la surpêche, poursuit le rapport. Car contrairement aux secteurs miniers et pétroliers, la pêche représente une source essentielle d’emploi, de commerce et de sécurité alimentaire et nutritionnelle ».

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Exploitation forestière illégale

APP estime également que les pays africains perdent autour de 17 milliards de dollars par an à cause de l’exploitation forestière illégale. Un commerce illicite qui contribue à la déforestation de la forêt tropicale du bassin du Congo. Dans ce domaine, les entreprises chinoises sont en première ligne. Le panel avertit « qu’aucun cadre multilatéral sur la gestion durable des forêts en Afrique ne sera crédible sila Chine n’est pas impliquée ».

APP recommande enfin à la région d’adopter des politiques de substitution aux importations dans l’agriculture afin de réduire ses importations de nourriture estimées à 35 milliards de dollars par an. Sans compter que ces importations représentent une occasion de croissance manquée. Les experts identifient l’agriculture comme vecteur principal de la croissance inclusive et comme le meilleur moyen de permettre aux pays africains d’atteindre l’objectif de développement consistant à éradiquer la pauvreté d’ici à 2030. L’APP fait le constat que les politiques agricoles défendues tant par les hommes politiques que par les agences d’aide au développement ont été « désastreuses » pour les millions d’agriculteurs africains et appelle à un changement d’approche radical.

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