Crise au Mali : trois nouveaux juges nommés à la Cour constitutionnelle
Le Conseil supérieur de la magistrature a désigné trois nouveaux juges pour siéger à la Cour constitutionnelle et fait des propositions pour la nomination des six autres. Une étape de plus dans la tentative d’apaisement de la crise politique qui secoue le Mali.
« Les membres du Conseil supérieur se sont mis d’accord sur trois noms, qui seront donc nommés (pour siéger à la Cour constitutionnelle) au titre du Conseil supérieur de la magistrature », a expliqué dans une vidéo diffusée vendredi le ministre de la Justice, Kassoum Tapo, détaillant les décisions prises jeudi lors d’une réunion avec le président Ibrahim Boubacar Keïta.
L’Assemblée sollicitée
Le Conseil a aussi proposé que l’Assemblée nationale renonce à désigner trois membres mais qu’elle choisisse plutôt « parmi une liste de six à sept personnes proposées par la société civile », a poursuivi Kassoum Tapo.
Le président ayant « accepté de renoncer à ses prérogatives constitutionnelles » de nommer trois membres, « il n’y a pas de raison que l’on ne demande pas la même chose à l’Assemblée nationale », a estimé le ministre de la Justice, qualifiant cette solution de « très intelligente ».
En principe, en effet, trois des membres de la Cour sont désignés par le chef de l’État, trois par l’Assemblée nationale et trois par le Conseil de la magistrature.
Plan de la Cedeao
L’invalidation, fin avril, par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats des élections législatives de mars-avril, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Ibrahim Boubacar Keïta, a été l’un des déclencheurs de la crise. Le 12 juillet dernier, après un week-end marqué par de violentes manifestations, Ibrahim Boubacar Keïta avait annoncé la « dissolution de fait » de la Cour.
Parmi les préconisations formulées par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a adopté lundi dernier un plan de sortie de crise, figure notamment une « recomposition rapide » de la Cour constitutionnelle, afin que les nouveaux hauts magistrats règlent le contentieux électoral qui a mis le feu aux poudres.
La recomposition de la Cour constitutionnelle, qui a le dernier mot sur les questions électorales, n’est qu’une étape dans la plan de sortie de crise. La trentaine de députés dont l’élection est contestée ont formellement refusé mercredi de démissionner.
L’organisation de législatives partielles est quant à elle jugée inconstitutionnelle par l’opposition. Quant à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, elle se heurte jusqu’ici au refus du mouvement d’opposition Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), qui a adressé une fin de non recevoir aux propositions du Premier ministre Boubou Cissé.
L’imam Dicko appelle à « chasser les démons de la division »
Vendredi également, à l’occasion de la fête de l’Aïd al-Adha, l’imam Mahmoud Dicko, figure orale du M5-RFP, a pour sa part appelé les Maliens à « chasser les démons de la division ».
« Chacun dans ce pays doit faire violence sur soi, doit avoir un dépassement de soi, pour que les coeurs se rapprochent, pour que nous puissions vraiment bâtir ensemble notre pays dans la paix, la prospérité et la quiétude », a-t-il déclaré à la presse après avoir dirigé la prière dans sa mosquée de Bamako.
« C’est un devoir citoyen et un devoir religieux pour tout un chacun. C’est un voeu ardent que je formule. Je pense que, Inch’ Allah, le peuple malien saura avoir les ressources nécessaires pour chasser les démons de la division, de la discorde, dans notre pays et que les coeurs se retrouvent pour qu’on ait un Mali stable dans la paix et dans la quiétude », a ajouté le religieux de 66 ans, devenu la figure de proue du mouvement de contestation.
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