OMC : pas d’accord pour désigner un directeur général intérimaire
Les membres de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) ne sont pas parvenus à s’entendre pour désigner un directeur général intérimaire avant la nomination à la rentrée du successeur du Brésilien Roberto Azevedo. Un poste que se disputent notamment trois candidats africains.
« Il n’y a pas eu de consensus », a déclaré le porte-parole de l’OMC, Keith Rockwell, ajoutant que le directeur sortant de l’organisation était « déçu ».
Les membres de l’institution devaient désigner un des quatre directeurs adjoints de l’OMC pour expédier les affaires courantes pendant quelques mois, mais selon une source diplomatique, les États-Unis exigeaient la nomination du directeur adjoint de nationalité américaine, Alan Wolff.
« La question de la nationalité »
Se refusant à « spéculer » sur les causes de l’échec, Keith Rockwell a admis que « la question de la nationalité » était un des facteurs soulevés, tout comme l’« expérience ». « Le commerce est un sujet hautement politique », a-t-il déclaré, tout en insistant sur le fait que l’absence de directeur intérimaire n’était pas « une grosse affaire ».
L’absence de directeur général intérimaire peut poser cependant quelques « questions épineuses » juridiquement, a-t-il reconnu, tout en soulignant qu’il s’agissait d’une période de « deux à trois mois ».
Le processus de nomination du successeur de Roberto Azevedo doit en effet commencer en septembre et peut durer jusqu’en novembre.
Trois candidatures africaines
Huit candidats sont en lice, parmi lesquels trois candidatures africaines : la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, économiste du développement et ancienne ministre des Finances ; la Kényane Amina Mohamed, actuelle ministre à la Culture et aux Sports qui fut auparavant ministre de la Justice, des Affaires étrangères puis de l’Éducation ; l’Égyptien Abdel Hamid Mamdouh, haut fonctionnaire international qui a mené une partie de sa carrière au sein de l’OMC.
« La frustration vient du fait qu’un consensus n’a pas été possible s’agissant d’un processus strictement administratif », a déploré Keith Rockwell.
Roberto Azevedo a annoncé mi-mai à la surprise générale qu’il quitterait ses fonctions fin août, un an avant la fin de son mandat, pour « raisons familiales ». Après son départ, un des quatre directeurs adjoints de l’OMC – un Américain, un Allemand, un Nigérian et un Chinois – devait diriger l’organisation en attendant que le successeur du Brésilien soit désigné.
Bras de fer avec Washington
L’Allemand Karl Brauner était pressenti par la plupart des membres. Mais, selon la source diplomatique, les Américains, en délicatesse avec l’OMC, ont « politisé » la question et exigé la nomination de leur compatriote.
« Cette notion selon laquelle les États-Unis créent un blocage est fausse », a déclaré jeudi soir un diplomate de haut rang sous couvert d’anonymat. « Personne n’obtient ce poste automatiquement ».
Washington a menacé de quitter l’OMC, dont il réclame la refonte, et paralyse depuis décembre le tribunal d’appel de son organe de règlement des différends (ORD).
En plein marasme économique mondial causé par la pandémie de Covid-19, plusieurs chantiers de taille attendent le futur patron de l’OMC : préparer la conférence ministérielle qui devrait avoir lieu en 2021, donner un coup de fouet aux négociations qui piétinent et dénouer les conflits opposant l’organisation aux États-Unis.
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