Un petit tour et puis s’en vont
Publié le 15 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.
Deux livres chocs, sortis l’un et l’autre dans des conditions controversées, ont connu un succès exceptionnel en octobre et novembre. Je vous demande le droit de mourir (Michel Lafon), de Vincent Humbert, paru à la veille de la mort « assistée » de ce jeune homme brisé physiquement par un accident de moto ; et Ma fille, Marie (Fayard), de Nadine Trintignant, long cri de douleur de la mère de la comédienne décédée à la suite des coups portés contre elle par son compagnon, le chanteur de Noirs Désirs, Bertrand Cantat. Chacun de ces deux titres s’est vendu autour de 150 000 exemplaires.
Un sujet racoleur dans l’actualité, beaucoup de promotion (tout spécialement des passages à la télévision chez Thierry Ardisson et Marc-Olivier Fogiel…) au moment de la parution. Pour vendre des livres, les éditeurs utilisent les recettes éprouvées pour les produits de grande consommation.
En France, Michel Lafon est, depuis les années 1970, le grand spécialiste de ce type d’ouvrages. On lui doit, entre autres chefs-d’oeuvre, Ma médecine naturelle de Rika Zaraï (2,3 millions d’exemplaires vendus) et La Valise en carton de Linda de Suza (1,3 million d’exemplaires).
Comme il faut vivre, l’ensemble des éditeurs sont à l’affût de documents plus ou moins sulfureux. Sont particulièrement prisées les biographies à scandale – Un cri dans le silence (Le Rocher) de Brigitte Bardot s’est vendu à près de 200 000 exemplaires – et les témoignages de magistrats, comme celui d’Eva Joly, dans Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ? (Les Arènes, 170 000 exemplaires).
Mais la vitesse de réaction est déterminante, car la durée de vie de ces textes est très courte : trois ou quatre semaines tout au plus, comme l’a établi récemment le magazine Livres Hebdo. Passé ce délai, ils disparaissent définitivement des tables des libraires. Pour coller à l’actualité, l’idéal est donc d’anticiper. C’est ce que font les éditions de L’Archipel, qui publient, en mars 2004, Épouser Carlos, dont l’auteur est l’avocate Isabelle Coutant-Peyre, la future femme – ils ne sont pas encore unis au regard de la loi républicaine – du terroriste emprisonné à Paris.
