Reniement bushien

Publié le 15 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

En janvier dernier, le président George W. Bush annonçait, dans son discours sur l’état de l’Union, que 15 milliards de dollars seraient débloqués pour lutter contre le sida dans quatorze pays d’Afrique et des Caraïbes. Décembre venu, restait à faire voter le Congrès. Et là, l’effet d’annonce ne suffit plus. Les 87 milliards de dollars de financement supplémentaire de la guerre en Irak sont passés par là. Comme l’explique l’attaché parlementaire de Barbara Lee, sénatrice démocrate, « le déficit fédéral est très important et le budget de l’aide au développement, auquel est lié le financement de l’initiative Bush, en fait les frais ». Résultat : alors que 3 milliards de dollars auraient dû être consacrés chaque année sur cinq ans à la lutte contre le sida, seul 1,9 milliard l’a été pour l’année 2003. En 2004, une légère augmentation devrait se produire, avec un déblocage de 2 milliards. Un petit mieux, certes, mais on est loin du compte. Concernant l’autre initiative lancée par le président, le Millenium Challenge Account, créé pour récompenser les pays en développement (PED) « modèles », les perspectives ne sont pas meilleures. Initialement, 20 milliards étaient promis pour ce fonds d’ici à 2008, soit 5 milliards par an. Mais pour 2004, l’administration a annoncé l’attribution de 1 milliard, puis celle de 2,5 milliards pour 2005. Pour atteindre l’objectif fixé, il faudrait donc débloquer en trois ans 16,5 milliards de dollars. Utopique.
Comment expliquer que Bush ait pris deux initiatives aussi importantes si aucune n’aboutit ? Primo, ces annonces ont été faites peu de temps avant que le président s’envole pour sa tournée africaine. Secundo, il régnait, lorsque Bush a été élu, une discorde totale, entre républicains et démocrates, au sein de la commission des Affaires étrangères quant à la politique à adopter pour lutter contre le sida dans les PED.

La situation étant bloquée, l’image donnée par les États-Unis était celle d’un pays qui ne s’engageait pas. C’est la raison pour laquelle, selon Trish Katyoka, l’attachée parlementaire de Henry Hide, président de la Commission des Affaires étrangères à la Chambre des représentants, « Bush a déclaré le sida priorité internationale » : ainsi, les décisions politiques lui incombaient. Mais c’était sans compter sur la guerre d’Irak.
Cependant, beaucoup, et notamment un membre du département d’État, pensent que « Bush ne pourra pas oublier ses promesses ». Trop médiatisés, trop espérés, aussi bien par les organisations non gouvernementales, qui y voient un financement supplémentaire, que par les laboratoires pharmaceutiques, qui voient se dérouler le tapis rouge pour intégrer certains marchés, les 15 milliards de Bush seront réclamés. À moins que celui-ci ne soit pas réélu en 2004, auquel cas son successeur pourra toujours se targuer d’un « droit d’inventaire ».

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