« Pardon aux familles, etc. »

Publié le 15 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Prémonitoire ? L’opération avait été baptisée « Avalanche ». Menée les 5 et 6 décembre, dans les provinces orientales de Ghazni et de Gardez, elle a coûté la vie à quinze enfants et trois adultes. Tous afghans et civils. Confirmant l’information, le lieutenant-colonel Brian Hilferty, porte-parole de l’état-major américain installé dans la base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul, a brillé par son cynisme. « Rien n’indique que les enfants étaient des non-combattants, a-t-il déclaré. […] Les corps de certaines victimes ont été retrouvés sous un mur effondré au lendemain d’un raid aérien et terrestre. Nous avons lancé des investigations pour savoir pourquoi le mur s’est effondré. » Sans doute à cause d’un défaut de construction, l’architecte n’ayant pas prévu de renforcer suffisamment le béton pour résister à des bombes antichar. Selon des témoins, les enfants du village de Hutala (province de Ghazni) ont été fauchés alors qu’ils jouaient au football. Cette bavure, promise à l’impunité en vertu de l’immunité dont jouissent les soldats américains « engagés dans des opérations de maintien de la paix pour le compte de l’ONU », tombe au mauvais moment. Le président Hamid Karzaï, dont l’autorité se limite aux portes de Kaboul, doit réunir la Loya Jirga (assemblée de trois cents chefs de tribu faisant office d’instance législative) pour faire adopter la nouvelle Constitution. C’est en prévision de cet important conclave que l’armée américaine a lancé l’opération Avalanche. « Il s’agit de sécuriser les routes pour que les participants puissent faire le déplacement, a expliqué le lieutenant colonel Hilferty, les talibans et les forces anticoalition font planer de sérieuses menaces sur la réunion. » Les deux bavures ont provoqué « la profonde tristesse » du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. Son envoyé spécial en Afghanistan, l’Algérien Lakhdar Brahimi, relève que « l’incident, qui n’est pas le premier du genre, renforce le sentiment de peur et d’insécurité dans le pays ». À Gardez, les mille GI’s étaient à la recherche du mollah Jalani, un chef de guerre qui terrorise les Afghans travaillant à la réalisation d’un axe routier pour les forces américaines. À Ghazni, l’opération Avalanche ciblait le mollah Wazir, un autre chef de guerre taliban. Quinze enfants tués plus tard, les deux mollahs courent toujours.
À la tête des troupes de la coalition, le général de brigade américain Lloyd Austin a ordonné l’attribution d’une aide humanitaire aux villageois ayant perdu leurs enfants. Sans doute une participation aux frais des obsèques.

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