Le Sud attend toujours

Publié le 15 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Plus de treize mille délégués représentant les gouvernements, la société civile et le secteur privé, protégés par quelque deux mille militaires et suivis par plus d’un millier de journalistes, se sont réunis à Genève du 10 au 12 décembre pour réduire la fracture numérique entre les pays du Nord et ceux du Sud. Un programme ambitieux quand on sait que 70 % des 660 millions d’internautes vivent dans les pays riches (16 % de la population mondiale) et 5 % dans les pays les plus pauvres (40 %).
Confrontées à de telles disparités, les Nations unies ont été pressées, dès 1998, de réfléchir à la question. D’où un Sommet mondial de la société de l’information (SMSI), que seuls 51 chefs d’État, essentiellement venus d’Afrique, n’ont pas boudé. Le SMSI se déroulera en deux phases, la seconde se tenant à Tunis en 2005 où seront réexaminés la déclaration de principe et le plan d’action adoptés à Genève.
Cet agenda est le premier sujet de friction entre les différents intervenants. Les défenseurs des droits de l’homme dénoncent âprement le choix de la Tunisie pour accueillir le SMSI, à cause des atteintes à la liberté d’expression et notamment la répression dont sont victimes les « cyber-dissidents ». Autre pomme de discorde : le financement. Qui paiera pour combler le fossé numérique ? Qui financera la connexion de tous les villages de la terre à Internet d’ici à 2015 ? Pour le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan : « Nous possédons les instruments nécessaires pour faire progresser la cause de la liberté et de la démocratie. » Il n’en reste pas moins que l’effort financier est lourd à porter pour les pays en développement. Abdoulaye Wade, le président du Sénégal, a proposé la création d’un fonds mondial de solidarité numérique, alimenté par une faible taxe (équivalente à 1 dollar) prélevée sur l’achat d’un ordinateur ou d’un logiciel. Devant l’opposition des Européens et des Américains, ce projet a finalement été ajourné. Il sera étudié en décembre 2004 en même temps que d’autres mécanismes financiers. En attendant, les États-Unis ont promis de débloquer 400 millions de dollars afin d’encourager les entreprises américaines spécialisées dans les technologies de l’information à investir dans les pays en développement.

La « gouvernance » d’Internet figure également sur la liste des nombreux litiges qui ont ponctué ce sommet. Actuellement, c’est l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une société multinationale basée en Californie, qui gère les aspects techniques du Web. Or nombre de pays du Sud, la Chine en tête, militent pour que soit créée une nouvelle agence de l’ONU. Sans aller jusque là, Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre français, a plaidé, lui aussi, pour que l’ONU assume la réglementation d’Internet.
Finalement, le « nouveau type de société […] n’excluant personne et privilégiant le développement » promis par la déclaration de principe n’en est encore qu’à sa phase de gestation. Mais elle verra le jour, assure-t-on à Genève.

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