« Dixit » Lee Kuan Yew

Publié le 15 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Homme fort de Singapour pendant quarante-cinq ans, Lee Kuan Yew, 80 ans, continue de s’intéresser à la marche du monde et tout particulièrement à la lutte contre le terrorisme. Il a fait à l’hebdomadaire américain Newsweek des remarques d’une lucidité tout extrême-orientale.
« Le terrorisme d’el-Qaïda, explique-t-il, est nouveau et sans précédent parce qu’il est mondial. Un événement qui se produit au Maroc peut provoquer le déchaînement d’un groupe radical indonésien. Les extrémistes des quatre coins du monde partagent le même fanatisme. Beaucoup d’Européens pensent qu’ils peuvent y échapper, que s’ils ont de bonnes relations avec les pays musulmans et se comportent correctement avec les musulmans, les terroristes les laisseront tranquilles. Mais regardez ce qui se passe en Asie du Sud-Est. Les musulmans y ont connu beaucoup de réussites. Mais cela n’a pas empêché le terrorisme de s’y développer. » À preuve, Singapour et la Thaïlande, où les populations musulmanes n’ont pas eu à se plaindre, mais qui ont été l’une et l’autre victimes d’attentats, ces dernières années.
Les Américains, estime Lee, font fausse route en s’en remettant à peu près exclusivement à une solution militaire. « Certes, dit-il, il faut utiliser la force. Mais la force ne réglera qu’une petite partie du problème. En tuant les terroristes, vous ne tuez que les ouvrières de la ruche. Les reines de ces abeilles-là sont les prêcheurs qui enseignent un islam dévoyé dans les écoles islamiques, qui s’emparent de l’esprit des adolescents et corrompent la jeunesse. »

Alors, que faire ? Lee a son idée. « Les États-Unis, affirme-t-il, ne peuvent agir seuls. Les Américains ne peuvent pas aller dans les mosquées, les universités islamiques et les madrasas. Ils ne sont pas musulmans, ils ne seront pas écoutés. Seuls les musulmans peuvent marquer des points. Des musulmans modérés et modernistes, des leaders politiques, religieux, des personnalités de la société civile doivent s’entendre pour mener le combat contre les fondamentalistes. Mais les pays développés peuvent donner un coup de main. Les membres de l’OTAN, comme pendant la guerre froide, doivent faire bloc. Les défenseurs musulmans de la modernité doivent avoir le sentiment que les États-Unis et leurs alliés sont décidés à leur apporter leurs ressources, leur énergie et leur soutien pour qu’ils sortent vainqueurs de ce combat. Personne ne veut être du côté des perdants. »

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