Amadou Moctar Baldé

Patron d’Afripa-Télécom Guinée, il est l’homme qui a fait découvrir Internet à ses compatriotes.

Publié le 16 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

On ne l’imaginait pas à la tête d’une entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies de l’information. Auditeur (chef de mission) au cabinet France Fiduciaire Afrique (FFA)/Ernest & Young, à Conakry, de 1992 à 1994, Amadou Moctar Baldé (39 ans) passait au crible les comptes des entreprises guinéennes. Publiques et privées. Par la suite (1994-2001), il sera successivement responsable de l’audit interne chez Shell Sénégal, chef comptable, puis directeur commercial de Shell Guinée. Sollicité par Afripa-Télécom, il franchit le Rubicon et prend la direction de la filiale guinéenne du groupe. Le pari est risqué, tant la concurrence dans le secteur est faussée : plus de 99 % de la
population ne s’est jamais connectée à l’Internet, et le marché de la fourniture d’accès est dominé par une ancienne société nationale en situation de quasimonopole.
Baldé se fixe comme objectif de « démocratiser l’accès au Web et à la téléphonie via Internet ». La maison mère investit 5 millions de dollars dans l’aventure, et la filiale guinéenne démarre ses activités en septembre 2001. Très vite, elle devient la principale entreprise du pays spécialisée dans l’Internet haut débit, la transmission de données et l’intégration voix-données. Elle emploie à ce jour vingt-cinq personnes et fait vivre près d’une centaine de gérants de cybercafés et leurs familles. À Conakry comme dans l’intérieur du pays, les boutiques d’Internet fleurissent. Elles sont connectées grâce à la technologie V-SAT (système de connexion directe du client au satellite pour l’accès à Internet ou la téléphonie par le Web). Les principales entreprises de la place, dont la puissante Compagnie des bauxites de Guinée, sont les clientes d’Afripa. Et les jeunes prennent l’habitude de se connecter et de surfer sur le réseau… Avec un chiffre d’affaires estimé à 1,2 million de dollars, Afripa Guinée a enregistré ses premiers bénéfices dès cette année. Une véritable performance. En règle générale, les entreprises de télécoms ne sont bénéficiaires qu’au bout de cinq ans.
Marié et père de quatre enfants, Baldé est diplômé de l’École nationale supérieure de statistiques et d’économie appliquée (Ensea), à Abidjan, et de l’École supérieure de commerce de Nice-Sophia-Antipolis (Ceram, France). À l’évidence, ce jeune Peul n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Dès janvier 2004, Afripa-Télécom Guinée étendra ses activités en Sierra Leone, puis, un mois plus tard, en Guinée-Bissau.

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