Un taxi-brousse pour l’Hexagone

Société de transport créée par un jeune Franco-Marocain, elle pratique des tarifs défiant toute concurrence.

Publié le 17 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Enfant, il rêvait de devenir pilote de ligne, mais il n’ose plus l’avouer. « Vous aurez deviné pourquoi », glisse, en riant, Aziz Senni, jeune Franco-Marocain de 28 ans, fondateur et gérant d’ATA France (Alliance, Transport et Accompagnement), société de transport inspirée du taxi-brousse africain, qui propose d’acheminer ses clients plus vite qu’un bus et moins cher qu’un taxi.
Né à Khouribga, au Maroc, il n’a que 2 mois lorsque ses parents s’établissent au Val-Fourré, un quartier plutôt chaud de Mantes-la-Jolie, dans la région parisienne. Aziz, aîné de six enfants d’une famille ouvrière et premier de la classe de la sixième à la terminale, décroche un BTS transport et logistique en 1997. Pendant les deux années suivantes, il travaillera entre quinze et dix-huit heures par jour simultanément dans deux sociétés « pour acquérir deux fois plus vite d’argent et d’expériences ». Grâce à ses économies et à celles de son père, cheminot de son état, plus quelques aides publiques glanées sur concours, il crée, en 2000, ATA France.
Cette entreprise compte aujourd’hui 6 franchises, 55 employés et un parc de 26 véhicules, pour un chiffre consolidé de 2 millions d’euros. Un dynamisme qui a valu à son fondateur maintes distinctions, dont le Prix Talents 2001 du ministère de l’Économie et des Finances, mais aussi les félicitations du président Jacques Chirac en personne, qui s’est rendu au siège d’ATA, au Val-Fourré, pour découvrir le « taxi-brousse français », en mars 2002. Ce jour-là, madame Senni, sa mère, était si fière de son fils qu’elle a appelé quinze fois le « bled ».
Entreprise citoyenne, ATA France n’hésite pas à délier sa bourse pour financer divers projets dans le quartier. Mais son coup le plus médiatique remonte à mai 2002 : quelques jours avant le second tour de la présidentielle, pour lutter contre l’abstentionnisme, le patron d’ATA s’était engagé à conduire les habitants de l’agglomération mantoise jusqu’à leur bureau de vote, moyennant 2 euros.
L’objectif actuel d’Aziz Senni ? Une agence ATA par département dans les cinq années à venir, ce qui a le don d’irriter les chauffeurs de taxi, qui l’accusent de « concurrence déloyale » bien qu’il desserve des lieux où ils ne « veulent pas aller ».
Membre de plusieurs comités et groupes de travail liés à la promotion de la petite et moyenne entreprise, ce jeune patron est également président de la Fédération des jeunes entrepreneurs de France. Quand il n’est pas dans son bureau, Aziz Senni peaufine sa stratégie en jouant aux échecs ou étire son mètre quatre-vingt-dix d’ambition sur un terrain de basket.

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