Crise au Mali : IBK fixe la feuille de route du gouvernement
Alors que le mouvement de contestation appelle à une nouvelle manifestation la semaine prochaine, le président malien a demandé à son Premier ministre, à la tête d’un cabinet restreint, de travailler à « créer des conditions propices » à la formation d’un futur gouvernement d’union nationale.
L’équipe est restreinte, et la mission ardue. Les six membres du nouveau cabinet restreint du Premier ministre Boubou Cissé ont tenu leur premier Conseil des ministres ce jeudi 6 août à Koulouba. Ils y ont reçu la feuille de route fixée par le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), avec un objectif prioritaire : parvenir rapidement à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale incluant des membres du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5 – RFP).
En premier lieu, IBK demandé à ses ministres de « travailler au retour de la normalité, de la concorde et de la paix sociale » dans le but de « créer des conditions propices » à la formation de ce futur gouvernement.
Le cabinet de Boubou Cissé est également chargé de « diligenter une enquête minutieuse et crédible sur les pertes en vies humaines ainsi que sur les atteintes aux biens publics et privés à Bamako, Kayes et Sikasso », en référence aux troubles liés aux manifestations anti-IBK du 10 et 11 juillet dernier, qui avaient fait au moins onze morts et des dizaines de blessés.
Autres priorités du gouvernement : faciliter la mise en œuvre des recommandations du dialogue national et l’indemnisation des victimes de la crise que connaît le Mali ; et œuvrer à l’application de l’article 39 du statut des enseignants, au cœur d’une crise intense entre l’exécutif et les enseignants.
Une feuille de route qui devrait donc permettre à ce « mini-gouvernement » de mettre en œuvre les recommandations du sommet des chefs d’État de la Cedeao du 27 juillet, bien que ce plan ait été rejeté par le M5-RFP. L’élection contestée de 31 députés n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la contestation, arguent en effet les opposants à IBK. Et dans le contexte actuel, la démission des 31 députés concernés, pas plus que la nomination de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, ne semblent pour le moment à même d’apaiser les tensions.
Boubou Cissé concentre les critiques
La Cedeao n’a pas mesuré « la profondeur et la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali », a notamment estimé l’ancien ministre Choguel Maïga dans un communiqué, regrettant que ses propositions ne « correspondent aucunement aux attentes et aspirations du peuple malien et violent les lois et la Constitution du Mali ». Et d’ajouter : « Le M5-RFP exige plus que jamais la démission de Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime ».
« La Cedeao ne comprend pas le problème du Mali, qui est une crise de gouvernance bien plus qu’une crise électorale », dénonce pour sa part Abdaramane Diallo, l’un des porte-paroles du M5-RFP, qui ne reconnaît « aucune légitimité » au gouvernement de Boubou Cissé.
Après une trêve observée pour la fête de la Tabaski, les actions de « désobéissance civile » ont repris dans les principales villes du pays dès lundi, se traduisant principalement par le blocage de bâtiments et services publics. Les représentants du mouvement protestent également contre l’arrestation de onze manifestants, condamnés pour des troubles à l’ordre public à des peines – le plus souvent avec sursis – allant à 45 jours à 6 mois de prison. Un nouvel appel à la manifestation à été lancé pour le 11 août.
La marge de manœuvre de Boubou Cissé semble restreinte. D’autant que la démission du Premier ministre est unanimement réclamée au sein du M5-RFP, le chef du gouvernement concentrant les critiques des contestataires, notamment pour son rôle supposé dans le déploiement d’éléments de la Forsat, la brigade anti-terroriste, face aux manifestants. La démission du président IBK, « ligne rouge » tracée par la Cedeao, continue en revanche de diviser au sein du M5-RFP.
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