Trop d’or blanc tue l’or blanc

Avec une production mondiale record de 24 millions de tonnes pour 2004-2005, les cours s’effondrent. Une catastrophe pour les paysans africains.

Publié le 17 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Des montagnes d’or blanc se déversent sur le marché mondial. La production augmente dans presque tous les pays producteurs, ce qui est tout à fait exceptionnel. Elle atteint même des niveaux record chez les cinq principaux pays cotonniers : Chine, États-Unis, Inde, Pakistan et Brésil. Résultat, la récolte pour la campagne 2004-2005 culmine à son plus haut niveau de l’histoire avec 24 millions de tonnes, soit près de 25 % de plus que l’an passé, indique le Comité consultatif international du coton (Icac) dans son dernier rapport mensuel publié le 1er novembre. À l’origine de cette explosion, une corrélation de facteurs : la hausse des prix en 2003 ; les bonnes conditions climatiques ; l’utilisation de la biotechnologie (le coton génétiquement modifié occupe 24 % de la superficie cotonnière mondiale, contre 2 % en 1996-1997, et représente 34 % de la production) ; l’accroissement des surfaces cultivées ; et la progression très nette des rendements.
Mais, loi du marché oblige, les cours mondiaux s’effondrent, car l’offre excède la demande. Ils plongent à 48 cents de dollar la livre, soit 30 % de moins qu’en 2003, ce qui constitue la chute la plus importante depuis 1974. Principales victimes de cette dégringolade : les économies africaines et leurs millions de petits producteurs qui ne bénéficient pas de la protection qu’offrent les généreuses subventions accordées aux producteurs occidentaux. En outre, les pays de la zone franc pâtissent de la faiblesse du dollar par rapport à l’euro (et donc par rapport au franc CFA) et de la flambée des cours du pétrole, qui, pour des pays enclavés comme le Mali et le Burkina, par exemple, les deux premiers producteurs du continent, plombe le prix des engrais importés et augmente les coûts d’évacuation de la fibre. Ainsi, les pays du continent devraient subir des pertes plus importantes encore que lors de la campagne de 2001-2002, lorsque les cours avaient atteint leur plus bas niveau à 42 cents la livre, prévoit l’Icac. C’est d’autant plus inquiétant que rien ne laisse présager une amélioration de la situation à moyen terme, « à moins de conditions climatiques extrêmes dans les principaux pays producteurs ». Sans cela, indique l’organisation, la moyenne des prix du coton au cours des cinq prochaines campagnes devrait se situer entre 45 et 55 cents la livre. De quoi alimenter les débats sur les conditions de rentabilité des filières africaines et, très certainement, mettre le feu aux poudres lors des discussions sur la suppression des subventions agricoles.

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