Règlement de comptes en Angola

Publié le 16 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement de Luanda a décidé de ne pas proroger l’une des licences d’exploitation de Total dans les eaux angolaises. Total Exploration & Production Angola a été informé de cette mesure le 29 octobre par la Sonangol. La Société nationale pétrolière a demandé au groupe français de se préparer à transférer ses fonctions d’opérateur du sous-bloc pétrolier 3/80 selon des termes à définir.
La décision de la Sonangol concerne une zone offshore située à une centaine de kilomètres de la localité de Soyo, au large des côtes de la province septentrionale du Zaïre. Le bloc 3/80 inclutnotamment les gisements Palanca, Pacaça, Buffalo et Empala. La filiale angolaise de Total est l’opérateur de ce bloc et détient 50 % des parts du consortium qui
l’exploite, le reste étant réparti entre les compagnies Ajoco (25 %), Agip (15%), Naftagas (5 %) et INA Naftaplin (5 %).
Comme pour justifier cette décision, le porte-parole de Sonangol, João Rosa Santos, a tenu à la relativiser : « À l’instar de ce qui se passe avec Total, les licences de beaucoup d’autres compagnies n’ont pas été renouvelées », a-t-il déclaré sans citer lesdits groupes.
Si les raisons de l’annulation d’exploitation de Total n’ont pas été indiquées, il est difficile de ne pas y voir un énième épisode du feuilleton de l’Angolagate. En effet, Luanda a souvent menacé de ne pas renouveler les licences d’exploitation de Total en riposte aux poursuites intentées par le gouvernement français contre l’homme d’affaires
Pierre Falcone, suspecté de trafic d’armes vers l’Angola du temps de la guerre civile.
Dans le cadre de cette affaire, le protégé du président Dos Santos a déjà purgé un an de prison en 2001. Mais sa libération n’a pas pour autant calmé le jeu. La traque judiciaire menée par le juge français Philippe Courroye continue. Toujours accusé de commerce illicite d’armes et de trafic d’influence, l’homme d’affaires fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Et malgré sa nomination comme ministre plénipotentiaire auprès de l’Unesco à Paris, Falcone, qui bénéficie d’un passeport diplomatique, n’est pas intouchable, son immunité se limitant aux seuls actes accomplis dans le cadre de ses fonctions à l’Unesco.
Le groupe français, qui produit au total 160 000 b/j en Angola, semble faire les frais d’une crise qui le dépasse. Pour le plus grand bénéfice de ses concurrents anglo-saxons. Chevron-Texaco, ExxonMobil ou BP Amoco seraient les premiers à tirer profit de l’éviction de Total de l’offshore angolais. Un domaine où les chiffres donnent le tournis : avec une production supérieure à 1 million de b/j, l’Angola confirme sa position de deuxième
producteur d’Afrique subsaharienne.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires