Rencontre avec Malcolm X
Notre correspondant a intercepté au Kenya le chef de file des musulmans noirs d’Amérique, Malcolm X. Extraits.
Publié le 16 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.
[…] Les milieux musulmans reprochent aux Black Muslims leur islam approximatif. Leurs prières ressemblent à celles des pasteurs anglicans, avec pianos et cantiques. La seule différence est qu’ils lèvent plusieurs fois l’index, en prononçant le mot « Allah », pour marquer leur soumission au Dieu unique. Malcolm X évoque la légende de l’origine des Black Muslims : peu après l’indépendance des États-Unis, le nouvel État avait passé un accord avec le Maroc d’alors. Les citoyens américains prisonniers des pirates seraient libérés, et les esclaves noirs américains d’origine marocaine retrouveraient leur liberté. Or ces esclaves étaient très peu nombreux, mais beaucoup de Noirs se proclamèrent marocains, donc musulmans, pour obtenir leur libération…
Il sait la faiblesse des siens sur le plan de l’orthodoxie et veut, pour la combler, remonter aux sources : Malcolm X a fait le pèlerinage de La Mecque, passé trois mois à l’université d’Al-Azhar pour apprendre les préceptes de l’islam. Il a visité le Koweït, le Soudan, le Liban, d’autres pays arabes, où il a obtenu trente-cinq bourses pour les Black Muslims.
Mais, actuellement, l’Afrique l’intéresse. Au deuxième sommet africain du Caire, où il était « observateur », il a rencontré Kenyatta, Oboté, Nyerere, dont il a visité les républiques. « En Afrique, dit-il, j’ai trouvé portes ouvertes, coeurs ouverts, esprits ouverts. Mais – et il insiste – les communautés les moins éduquées y sont les communautés musulmanes. Elles doivent comprendre que l’éducation est mère du progrès. J’ai vu aussi qu’on essaie, très adroitement, d’ameuter l’opinion contre les minorités musulmanes, arabes. Dans les pays où il n’y a pas d’Arabes, on dresse les gens contre les Asiatiques. C’est l’oeuvre des USA… et d’Israël. »
Et, aussitôt, Malcolm X cite l’exemple de Tshombé :
« Tshombé est une marionnette américaine. C’est pour servir ses maîtres qu’il organise sa campagne anti-Arabes. Les USA paient ses mercenaires. Ce qui m’étonne, c’est de voir condamner la marionnette sans accuser ceux qui tirent les ficelles »… Malcolm X me quitte pour prendre l’avion : il va continuer son périple africain…
