« Petit Pays » – Isabelle Kabano : « En interprétant Yvonne, je suis devenue folle »

Comédienne amatrice, Isabelle Kabano est la révélation du film « Petit Pays », adapté du roman de Gaël Faye. Mais son interprétation d’une mère rwandaise exilée au Burundi, puis confrontée au génocide des Tutsi, ne s’est pas faite sans douleur.

La comédienne rwandaise Isabelle Kabano, qui interprète la mère de Gaby dans « Petit Pays ». © François Grivelet pour JA (Paris, le 2 mars 2020)

La comédienne rwandaise Isabelle Kabano, qui interprète la mère de Gaby dans « Petit Pays ». © François Grivelet pour JA (Paris, le 2 mars 2020)

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Publié le 21 août 2020 Lecture : 6 minutes.

Sur la page de garde du livre Petit Pays, Gaël Faye a couché ces quelques lignes sur l’exemplaire que lui tendait la comédienne rwandaise Isabelle Kabano, à la veille du tournage de sa dernière scène : « Chère Isabelle, je te remercie d’avoir aimé si fort le personnage d’Yvonne. Mais je t’ordonne maintenant de la laisser rejoindre son monde de fiction et de redevenir pleinement Isabelle… »

Yvonne, c’est le double à l’écran d’Isabelle. La mère du jeune Gaby et de sa sœur cadette Ana, qui vivent au Burundi l’enfance insouciante des rejetons d’expatriés. Yvonne est rwandaise et tutsi. Comme tant d’autres, elle a dû fuir très jeune les pogroms et les humiliations infligés aux siens pour élire domicile au Burundi. Mariée à un entrepreneur français (incarné par Jean-Paul Rouve), elle cultive la nostalgie du pays de ses aïeux, tout à la fois proche et inaccessible.

En 1993, lorsque l’histoire débute, l’existence paisible de la famille bascule. Yvonne, qui se sent à l’étroit au sein de cette union mixte où l’incompréhension mutuelle prédomine, finit par prendre le large en laissant derrière elle sa progéniture. Dans le même temps, le Burundi sombre dans une violence larvée après l’assassinat du président Melchior Ndadaye. Six mois plus tard, c’est son propre pays, le Rwanda, qui s’embrase. Trois mois durant, les Tutsi y seront pourchassés et exterminés, laissant l’élégante Yvonne hagarde, méconnaissable… et la comédienne Isabelle Kabano en charpie.

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