Liban : Macron exhorte la communauté internationale à « agir vite »
Le président français Emmanuel Macron a appelé dimanche la communauté internationale à « agir vite » pour aider le Liban et il a mis en garde contre la « violence et le chaos » alors que la colère gronde dans le pays face à une classe dirigeante discréditée.
De l’Américain Donald Trump à l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, en passant par les Premiers ministres italien et espagnol, une quinzaine de chefs d’État et de gouvernement étaient réunis en visioconférence autour d’Emmanuel Macron afin de mobiliser une aide d’urgence.
« Il nous faut agir vite et avec efficacité pour que cette aide aille très directement et en toute transparence sur le terrain à la population », a lancé le président français, depuis sa résidence d’été de Brégançon dans le sud de la France, à l’ouverture de la conférence.
Premier dirigeant à se rendre dans la capitale libanaise après l’explosion meurtrière, il avait déjà promis jeudi une aide rapide et massive de la communauté internationale.
Le président américain Donald Trump, qui devait prendre la parole, a d’ores et déjà promis une mobilisation des États-Unis. « Tout le monde veut aider! » a-t-il tweeté samedi après avoir parlé avec son homologue français.
...We will be having a conference call on Sunday with President Macron, leaders of Lebanon, and leaders from various other parts of the world. Everyone wants to help!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 7, 2020
Le pape François a aussi renouvelé son appel à aider « généreusement » le Liban, à l’issue de sa traditionnelle prière dominicale place Saint-Pierre.
Près d’une trentaine de pays étaient représentés à cette conférence de soutien, coparrainée par la France et l’ONU. Le président de l’Union européenne Charles Michel y a également assisté, de même que les dirigeants de grandes organisations internationales (FMI, Banque mondiale, Croix-Rouge..).
Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’ »unité » de la communauté internationale, en indiquant s’attendre à ce que la Turquie et la Russie apportent leur soutien, de même qu’Israël, qui « a manifesté son souhait d’apporter une aide ».
« Pas de chèque en blanc »
L’énorme déflagration mardi, dans un entrepôt du port de la capitale libanaise, a fait au moins 158 morts, 6 000 blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abris.
Emmanuel Macron a énuméré quatre priorités pour l’aide d’urgence internationale : la santé, l’alimentation du pays – qui passait en grande partie par le port de Beyrouth, la réhabilitation des écoles touchées et la reconstruction de logements ravagés.
Paris a martelé que cette aide ne serait pas un « chèque en blanc » aux dirigeants libanais, honnis de la population qui dénonce leur corruption et leur incurie alors que le pays est déjà dans une situation économique critique.
De nouvelles manifestations sont attendues dimanche au lendemain d’une journée de mobilisation marquée par l’assaut de manifestants en colère contre des ministères.
Face aux risques de débordement, Emmanuel Macron a exhorté les autorités libanaises à « agir pour que le pays ne sombre pas et pour répondre aux aspirations que le peuple libanais exprime en ce moment-même légitimement dans les rues de Beyrouth ».
« Nous devons tous ensemble tout faire pour que ni la violence ni le chaos ne puissent l’emporter », a-t-il averti. Il a pointé des « puissances » qui ont « un intérêt à cette division et au chaos », dans une référence apparente à l’Iran, en insistant sur la nécessité « d’unité » de la communauté internationale.
La communauté internationale avait promis 11,6 milliards de dollars de prêts et dons au Liban lors d’une conférence déjà parrainée par Paris en avril 2018. Mais faute de réformes structurelles, les montants n’ont toujours pas été débloqués.
« enquête crédible »
Emmanuel Macron, qui avait appelé jeudi à une enquête internationale, rejetée depuis par son homologue libanais Michel Aoun, a réitéré une « offre d’assistance » pour « une enquête impartiale, crédible et indépendante » sur les causes de la catastrophe.
Michel Aoun a affirmé vendredi que l’explosion pourrait avoir été causée par la négligence ou par un missile. Paris en revanche a estimé qu’il y avait « suffisamment d’éléments objectifs pour penser que l’explosion est accidentelle ».
Dans la capitale libanaise, l’aide internationale afflue déjà. L’Égypte et le Qatar vont ouvrir des hôpitaux de campagne. La France a mis en place un « pont aérien et maritime » afin d’acheminer plus de 18 tonnes d’aide médicale et près de 700 tonnes d’aide alimentaire. Deux avions militaires chargés de fret médical et alimentaire devaient de nouveau rallier Beyrouth dimanche.
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