1975 : mort du Caudillo

Plusieurs chefs d’État ont connu, comme Arafat, une longue agonie. C’est le cas de Franco en Espagne.

Publié le 15 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

En juin 1973, une première alerte cardiaque avait déjà obligé le général Franco à charger celui que tout le monde considérait alors comme son véritable successeur politique, l’amiral Carrero Blanco, de la gestion des affaires courantes. Mais le 20 décembre de la même année, une bombe placée par l’ETA sous la chaussée expédia l’amiral dans les nuages, mettant un point final à l’intérim.
Restait Juan Carlos, ce prince d’Espagne un peu terne que le Generalísimo s’était choisi comme héritier. Or le futur roi, que Franco avait pris soin d’associer aux grandes cérémonies du régime afin qu’aucune ambiguïté ne subsiste quant à l’origine franquiste de sa légitimité, n’inspirait guère confiance à la coterie des ultras. Il entretenait en catimini des contacts réguliers avec des représentants de l’opposition illégale socialiste, catalane ou basque, ainsi qu’avec des acteurs modérés de la démocratisation portugaise. Pas de quoi rassurer les tenants de l’immobilisme !
D’autant que le délabrement physique du Generalísimo ne cessait de s’accélérer, avec des malaises à répétition. Le 20 octobre, on doit le transporter d’urgence dans un service de réanimation. Diagnostic des spécialistes : infarctus compliqué de gangrène
Les politiques sont dans l’impasse. Le « bunker », l’entourage immédiat de Franco, ne cherche plus qu’à gagner du temps en retardant la fin inéluctable d’un homme et celle du régime qu’il incarne dans l’attente désespérée de la formule miracle qui permettrait à l’État franquiste de survivre à son fondateur. Au risque de faire endurer à ce dernier,
que chacun sait condamné, d’insupportables tortures.
Après quatre interventions chirurgicales pratiquées entre le 14 et le 18 novembre 1975, celui qui dirigea l’Espagne d’une main de fer pendant trente-six ans n’est plus, en effet, qu’un corps décharné, exsangue, intubé, truffé de sondes et bardé d’électrodes. Malgré la trentaine de médecins qui se relayent à son chevet, personne n’imagine plus que Franco retrouvera un jour sa conscience. La seule question est celle de savoir combien de temps encore il sera « prolongé ».
C’est quand elle apprend que le Caudillo a été mis en hibernation que la marquise de Villaverde, sa fille adorée, pousse enfin un cri indigné : « Ya basta ! » (« Ça suffit ! »). Le 20 novembre 1975, le ministre de l’Intérieur annonce la mort de Francisco Franco Bahamonde. Il avait 82 ans.
Le surlendemain, lors de son investiture par les Cortès, Juan Carlos déclare : « Nous insistons pour la construction d’un ordre juste, d’un ordre dans lequel toutes les activités publiques sont placées sous la protection de la Justice. [] Un ordre égal pour tous. » Le « bunker » avait décidément bien raison de se méfier de lui !

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