L’année de tous les espoirs

Publié le 15 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Après avoir vaincu les démons du séparatisme, l’Union des Comores, une fédération née dans la fureur des ambitions frustrées, à l’issue d’une gestation d’un lustre qui a failli se transformer en agonie, se prépare à un autre défi : celui du développement économique. Sans grande richesse minière, ce pays aux allures lunaires ne dispose que de sa bonne volonté pour convaincre la communauté internationale de l’accompagner dans sa lutte contre la pauvreté, un fléau qui touche plus d’un Comorien sur deux. Comment peut-il en être autrement pour une économie qui exporte annuellement pour 11 milliards de francs comoriens alors que ses besoins frisent les 30 milliards ! En attendant un rééquilibrage des recettes et dépenses, l’aide internationale est donc vitale. L’Union des Comores a, heureusement, de nombreux amis parmi les pays de la région et d’autres plus lointains, qui se montrent régulièrement généreux à son égard. Elle peut également compter sur une diaspora qui n’oublie pas le bled.

Mais tout cela est bien dérisoire face à l’ampleur des chantiers en cours : développer les infrastructures et les services, mettre à niveau l’agriculture, et surtout, améliorer le revenu des ménages, donc le pouvoir d’achat de la population. Car il ne faut pas s’y tromper. La solution politique qui a permis de doter l’Union d’institutions élues demeure fragile. Sa consolidation passe nécessairement par une paix sociale d’au moins une décennie, le temps, pour chacune des trois îles composant l’Union, de connaître le parfum enivrant du pouvoir de décider pour tous. En effet, la Constitution prévoit une rotation du pouvoir entre les trois îles de l’Union, avec l’exercice d’un mandat présidentiel d’une durée de quatre ans par île. Or il n’y a pas de trêve politique possible sans l’établissement de la stabilité socio-économique.
Les dépenses étant incompressibles, améliorer les recettes passe par une hausse sensible des investissements. Au vu des moyens de l’État, ceux-ci ne peuvent provenir que de partenaires institutionnels ou privés. Pour y parvenir, les simples mesures attractives pour les investissements directs étrangers ne seront pas suffisantes. Moroni devra, d’abord, gagner une bataille : celle de l’image. Comment se débarrasser de cette fâcheuse réputation de paradis pour barbouzes préretraités, pour mercenaires en mal de mauvais coups et pour politiciens véreux ? Cette étiquette qui colle aux plages de sable blond et aux récifs de l’archipel décourage tout projet industriel, touristique ou financier. La stabilité politique devrait contribuer à effacer cette triste réputation. Reste à savoir si ce sera suffisant.

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La mise en place de nouvelles institutions et l’adoption d’une Constitution ayant pris beaucoup de temps, une véritable course contre la montre est aujourd’hui imposée au gouvernement d’ouverture du président Azali Assoumani. Et le prochain exercice est celui de tous les dangers, car en 2005 la gestion des maigres ressources comoriennes sera passée au peigne fin par les institutions de Bretton Woods. L’allègement de la dette extérieure passe par cette redoutable épreuve et Moroni a déjà grillé son joker : aucune circonstance atténuante ne lui sera accordée en cas d’échec. Pourquoi ? Le Fonds monétaire international a déjà suspendu ses relations avec l’archipel pour exiger une plus grande lisibilité de la répartition des compétences budgétaires entre les îles et l’Union. La fin de la transition a abouti à la reprise du dialogue avec le FMI, qui a dépêché une mission d’évaluation durant le premier trimestre 2004. Résultat : la reprise des négociations pour la conclusion d’un nouveau programme est conditionnée par l’application effective des accords politiques et le retour au pragmatisme budgétaire. Si 2004, avec l’entrée en vigueur des accords de Fomboni et les élections législatives, était l’année de toutes les incertitudes, 2005 devrait être celle de tous les espoirs. Espéront qu’ils ne seront pas déçus.

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