1978 : la lente agonie de Boumedienne

Autre chef d’État à avoir sombré dans le coma avant sa disparition : le président Houari Boumedienne.

Publié le 15 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Depuis son retour de la réunion des chefs d’État arabes à Damas, fin septembre 1978, le président de la République algérienne n’a cessé de se plaindre de fortes douleurs à la tête. On a dû annuler plusieurs rendez-vous avec des dirigeants étrangers. Après un « blackout » prolongé, les chancelleries occidentales à Alger ébruitent la nouvelle : le raïs est dans l’incapacité de gouverner. La rumeur se répand : Houari Boumedienne aurait été victime d’un empoisonnement lors de son séjour en Syrie ; le Mossad l’aurait contaminé avec le flash d’un appareil photo ; ou encore, il est l’otage d’un coup d’État.
Les médecins, eux, diagnostiquent une hématurie, caractérisée par la présence de traces de sang dans l’urine. Le jeudi 5 octobre 1978, la décision est prise de faire transporter le malade à Moscou : les amis russes ont la réputation de savoir observer la discrétion qui s’impose.
Là, Boumedienne se voit entouré par les meilleurs spécialistes. Ils évoquent pour la première fois la maladie de Waldenström, une infection très rare du sang. Dans la dernière semaine d’octobre, le secret est défloré: Boumedienne est officiellement malade. De Bagdad, où il séjourne, Abdelaziz Bouteflika, le ministre algérien des Affaires étrangères, l’admet, encore que d’une manière toute diplomatique : « Le président a seulement éprouvé le besoin de prendre du repos car il était exténué. Il reprendra incessamment ses activités. » Des vacances en URSS? Drôle d’endroit pour se reposer
Le 14 novembre, Boumedienne est rapatrié en Algérie. Quatre jours plus tard, il plonge dans le coma. Les sommités de la médecine mondiale débarquent à Alger. Tandis qu’on dépense sans compter pour tenter un traitement, l’hôpital Mustapha-Bacha est transformé en un bunker pour des conclaves politiques. Les membres du Conseil de la révolution, une instance créée par Boumedienne au lendemain du coup d’État de 1965, sont tous des
prétendants à la succession : il y a Bouteflika; Mohamed Salah Yahiaoui, le patron du FLN; Mohamed Abdelghani, le ministre de l’Intérieur ; Ahmed Bencherif, l’ancien chef de la gendarmerie; et le colonel Chadli Bendjedid, gouverneur militaire de l’Oranie.
Le 24 novembre, Boumedienne reprend connaissance. Dépêché à Alger, le professeur suédois Waldenström confirme cependant lui-même le diagnostic : « Il n’y a plus rien à faire. » Quatre jours plus tard, en effet, le raïs sombre dans un coma irréversible. L’agonie va durer un mois. Le mercredi 27 décembre 1978, Houari Boumedienne est déclaré mort. Il a 46 ans. Au cimetière d’El-Alia, c’est Bouteflika qui prononce l’oraison funèbre. Un signe que la succession est enfin réglée à son profit ? Les militaires en décident autrement : ils désignent Bendjedid à la tête de l’État.

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