[Chronique] Covid-19 : « Docteur » Poutine, nouveau héros de l’Afrique ?

Certains pays africains, comme le Kenya, ont montré leur intérêt pour le vaccin contre le Covid-19 annoncé par le Kremlin. Une aubaine pour une Russie gourmande d’influence sur le continent.

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Publié le 15 août 2020 Lecture : 2 minutes.

Il y a quelques jours, le président russe déclarait qu’un vaccin développé localement contre le coronavirus avait reçu l’approbation réglementaire. Presque instantanément, un milliard de doses étaient commandées –si l’on en croit les responsables du Kremlin – et des cohortes de scientifiques occidentaux exprimaient leurs préoccupations face à la rapidité suspecte de la mise au point du vaccin –deux mois d’essais cliniques sur les humains. Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’exhorter la Russie à suivre ses directives…

Annoncer un vaccin sans protocole de validation internationale achevé, c’est marcher sur des œufs. Mais passer au tamis du doute l’annonce d’un traitement révolutionnaire, c’est aussi prendre le risque d’une omelette médiatique trop pimentée. Surtout si le vaccinateur autoproclamé n’est pas un happy few de la communauté occidentale. Nourri de son contexte local et de ses tentations idéologiques, chacun se positionne entre le principe de précaution –« on ne sait jamais, ça pourrait être dangereux » – et le principe de l’optimisme volontariste –« on ne sait jamais, ça pourrait marcher ».

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Poutine l’homme de l’Est, Rajoelina l’homme du Sud et Raoult l’Occidental trop provincial : même combat ? Comme l’Afrique avait largement exprimé son intérêt pour l’hydroxychloroquine « marseillaise » ou l’artemisia « malgache », des États africains pourraient déjà faire partie de la vingtaine de pays ayant précommandé le vaccin poutinien.

« Russafrique »

Il y a quelques jours, par exemple, la secrétaire administrative en chef de la santé du Kenya évoquait un probable dialogue avec les Russes à ce sujet, précisant tout de même devoir travailler pour s’« assurer que le vaccin est sûr avant de l’utiliser ». Une marque d’intérêt qui doit réjouir l’ancien colonel Poutine du KGB, architecte d’une « Russafrique » tout à la fois nourrie de guerre froide et vierge de toute colonisation.

Depuis l’ambitieux sommet Russie-Afrique d’octobre dernier à Sotchi, le maître du Kremlin affiche son intention de jouer un rôle de premier plan au sud du Sahara et au Maghreb. Soudan, République centrafricaine, Algérie, Égypte, Libye, RDC, Érythrée, Madagascar, Angola, Mozambique, Zimbabwe, Guinée ou Guinée-Bissau : si la reconquête de l’Afrique par la Russie était censée s’appuyer sur le commerce de ressources africaines – diamants, or, pétrole ou uranium– et sur le savoir-faire sécuritaire russe – vente d’armes, expertises militaires ou mercenaires –, la production pharmaceutique pourrait bien inspirer un nouveau pas de ce tango russo-africain.

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