Après lui

Publié le 15 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

De son vivant, Yasser Arafat a été la cible de beaucoup de critiques et a essuyé maints sarcasmes. Je me suis donné pour règle de ne pas prêter attention à ceux d’un Bush, d’un Sharon et de leurs émules des droites ou extrêmes droites américaine, israélienne ou juive: Arafat n’était pas hors jeu, ni, encore moins, un « obstacle à la paix », comme ils l’ont prétendu, mais il faisait barrage à la réalisation de leur dessein, qui était de voler au peuple palestinien la moitié des 22 % de l’ancienne Palestine, dont le président de l’Autorité palestinienne et ses collègues ont fini par se contenter.
Comme tout dirigeant politique, comme chacun de nous, Arafat avait ses qualités, qui étaient grandes, et beaucoup de défauts.
Il a commis des erreurs, mais, là encore, on le charge, si j’ose dire, de tous les péchés d’Israël, de ce dont il n’est ni responsable ni coupable.

Ceux qui soutiennent encore qu’il aurait dû accepter les « offres généreuses » (sic) qui lui ont été faites à Camp David (juillet 2000) sont soit mal informés, soit de mauvaise
foi.
En revanche, les historiens mettront à son débit deux fautes majeures dont, pour ma part, je ne comprends pas qu’un homme de son expérience ait pu les commettre :
Son refus (déguisé en réserves) opposé, en janvier 2001, aux propositions faites en décembre 2000 par le président Bill Clinton, à lui et au Premier ministre israélien de l’époque Ehoud Barak, et qui offraientbien plus que ce qui a été consenti à Camp David: 98 % de ce que les Palestiniens demandaient.
Clinton, qui étaità la fin de son dernier mandat, a bien précisé qu’elles disparaîtraient avec lui.
Arafat aurait dû sauter sur l’offre et s’y agripper de toutes ses forces ; c’est ce qu’aurait fait un Bourguiba. Il a opté pour le contraire et, sur la lancée de ce refus, a montré peu d’intérêt pour les négociations de Taba entre les meilleurs des Palestiniens et les meilleurs des Israéliens.
Le feu vert qu’il a donné (ou, à tout le moins, son accord tacite) à la reprise, dans le cadre de la seconde Intifada (déclenchée le 28 septembre 2000), du terrorisme aveugle dans le territoire d’un Étatdont il a reconnu l’existence et les frontières.
Indéfendable sur le plan moral, cette deuxième faute a fait accéder Sharon au pouvoir et lui a donné, depuis près de quatre ans, la justification de ses crimes contre la paix.

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Cela étant dit, vous verrez que, Arafat disparu, ses adversaires israéliens etaméricains, qui amplifient ses erreurs et n’ont eu de cesse qu’ils ne l’écartent, ne présenteront
rien qui soit susceptible de conduire à une vraie paix.
Tout au contraire, ils tenteront de profiter de son absence pour, enfin, « casser » la résistance palestinienne à l’occupation et arracher aux successeurs d’Arafat ce qu’il
s’obstinait à refuser.
Sous les yeux de dirigeants arabes inertes car tétanisés par la peur que leur inspire le « cow boy » de Washington.

Quoi que prétende Tony Blair, qui leur sert de « feuille de vigne », George W. Bush, que nous voyons se rengorger de sa victoire « historique », et Sharon, principal bénéficiaire
non américain de cette victoire, ne veulent pas d’un État palestinien viable, et mentent s’ils prétendent le contraire.
Arafat disparu, ils espèrent trouver le Iyad Allaoui palestinien qui acceptera d’être leur « protégé » sur le lambeau de Palestine qu’ils lui concéderont

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