Ah ! si papa Bush avait été là

Publié le 15 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Pendant la campagne des élections américaines, j’ai ressenti un désagréable je ne sais quoi. Grâce à la chronique de Thomas L. Friedman parue dans le International Herald Tribune du 2 novembre, je sais enfin ce qui m’agace. C’est que ce George (sans « s » !) flanqué de son doubleyou-point s’est approprié le nom des Bush en recouvrant d’une épaisse couche de médiocrité le souvenir de son père, George Herbert Walker.
Friedman n’y va pas par quatre chemins: si ç’avait été papa Bush, non son fils indigne, qui s’était présenté devant les électeurs, il aurait voté pour lui, et plutôt deux fois qu’une.
« Remember » En matière de politique intérieure, tout d’abord : Bush l’aîné, contraint de cohabiter avec un Congrès qui lui était tout sauf acquis, avait appris à séduire les démocrates. Avec lui, les intérêts du pays l’ont toujours emporté sur la politique partisane et les avantages personnels. George Herbert est allé jusqu’à piétiner ses
propres principes quand il a endossé les hausses d’impôts de 1990 qui conjuguées avec les taux d’intérêt très bas de cette période ont ouvert la voie aux spectaculaires succès économiques de l’administration Clinton.
En politique étrangère aussi, Bush l’ancien valait nettement mieux que le nouveau: selon Friedman, « il savait entretenir un équilibre salutaire entre réalisme et idéalisme,
unilatéralisme et multilatéralisme, la force de l’Amérique et sa diplomatie ». En boutant Saddam Hussein hors du Koweït, papa s’est bien gardé de commettre les bourdes dans lesquelles son rejeton allait s’enferrer douze ans plus tard. Lui, au moins, a su réunir une « vraie » coalition avec des pays qui comptent, comme la France, l’Égypte, la Syrie
et l’Arabie saoudite. En outre, en 1991, Bush père avait eu la sagesse de ne pas toucher à Bagdad, et plus généralement d’épargner à ses marines d’être pris dans la spirale
occupation/répression.
Pour les mêmes raisons, Bush-le-Sage (donc, l’autre !) s’était employé à modérer les appétits des Israéliens en Palestine occupée, et à retenir leur bras. C’est lui qui a
jeté les bases des accords d’Oslo, généreusement légués à son successeur, le président Clinton.
Bref, avec le recul, on se demande vraiment ce qu’on pourrait reprocher aujourd’hui au géniteur de George W. En cherchant bien, peut-être un simple déficit de communication à la Maison Blanche d’alors, quand le 41e président y occupait le bureau ovale. Péché véniel, si on le compare aux maladresses, aux fautes et aux dérapages sanglants de son illuminé de fils. Mais ce n’en fut pas moins là ce qui a empêché Bush Ier de retirer des bienfaits dispensés durant sa présidence tout le profit électoral qu’il méritait.
Tandis que le gamin, malgré ses A.D.M. de carton-pâte en Irak, un système fiscal honteusement favorable aux riches, les piteux exploits d’un entourage d’affairistes, le
chômage galopant et surtout cette capacité à aggraver les crises qu’il prend en charge, a fini par terrasser John Kerry. En se payant le luxe de déclarer qu’il n’en avait jamais
douté

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