Afrique du Sud : le champion déchu va aux urnes
L’Afrique du Sud a perdu son rang de 1ère économique du continent au profit du Nigeria, le 6 avril dernier. Un mois plus tard, la nation Arc-en-Ciel se rend aux urnes, dans le cadre des élections générales prévues le mercredi 7 mai. Cet « électrochoc » suffira-t-il à reveiller le géant ? Rien n’est moins sûr.
Le coup a été rude pour l’Afrique du Sud. Le 6 avril, elle a officiellement perdu sa place de première économie africaine en termes de PIB au profit du Nigeria. « Espérons que cela créera l’électrochoc nécessaire pour la relancer », déclare Gilles Bordes, conseiller au service économique de l’ambassade de France à Pretoria.
Depuis la crise de 2008, l’économie sud-africaine n’avance plus. Pis, entre 2009 et 2012, l’ex-championne a aligné des taux de croissance parmi les plus faibles du continent, aux côtés des Comores, du Soudan et de Madagascar. « Le pays vit depuis beaucoup trop longtemps sur ses acquis », constate Gilles Bordes. Et 2014 devrait confirmer la tendance : le Fonds monétaire international (FMI) table dorénavant sur une progression de 2,3% du PIB – contre 2,8% fin 2013. Bien moins que les 7% affichés par le Nigeria.
« L’Afrique du Sud vit depuis beaucoup trop longtemps sur ses acquis », constate le diplomate français Gilles Bordes.
Pourtant, le sujet « est loin d’être central dans le débat électoral », regrette Sizwe Nxedlana, économiste en chef à la First National Bank (FNB). Seule la question du chômage – près de 25 % officiellement – s’impose par l’importance de ses chiffres.
Le Congrès national africain (ANC), vainqueur désigné du scrutin à venir, promet 11 millions de nouveaux emplois d’ici à 2030, « mais sans préciser comment il y parviendra », observe le banquier.
Marge de manoeuvre
Surtout que l’investissement est au point mort. Avec un déficit budgétaire qui s’accroît chaque année un peu plus (- 4,4 % pour 2014 selon le FMI), la marge de manoeuvre du gouvernement se réduit.
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Et le contexte social – une grève paralyse le secteur du platine depuis plus de trois mois et aurait déjà coûté près de 760 millions d’euros aux compagnies minières – refroidit les acteurs étrangers. D’ailleurs, les investissements directs étrangers se sont stabilisés à 1,1 % ces deux dernières années.
Inflation
La chute du rand (- 20 % en 2013 face au dollar) n’a rien arrangé, tant pour les Sud-Africains, endettés à 76 %, que pour leur gouvernement, qui voit sa balance commerciale se déséquilibrer davantage, pendant que l’inflation reste proche des 6 %. Difficile dans ces conditions de lutter contre la pauvreté, qui, en touchant 52 % de la population, s’impose déjà comme le dossier prioritaire du prochain président.
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