« Mignonnes », de Maïmouna Doucouré : un coup de poing contre les injonctions faites aux filles
Dans un long métrage brillant et parfois dérangeant, la réalisatrice renvoie dos à dos les traditions et les réseaux sociaux, dénonçant leur emprise sur les jeunes adolescentes.
Mignonnes pose une question simple, mais ardue : comment devenir une femme dans la société d’aujourd’hui ? Pour y répondre, le film propose de se glisser dans la peau d’une petite fille de 11 ans, durant 1h35. Cette fillette, c’est Amy (interprétée par Fathia Youssouf, lumineuse), pas encore sortie de l’enfance, pas encore entrée dans l’âge adulte. Longue, mince, enveloppée dans des sweats et des jeans informes, cette brindille parisienne qu’on imagine d’origine sénégalaise est ébranlée coup sur coup par plusieurs événements. Son père absent (et qu’on ne verra pas pendant tout le film) va prendre une seconde épouse. Et, dans son nouvel établissement scolaire, elle rencontre un groupe de gamines biberonnées aux réseaux sociaux qui créent des chorégraphies lascives pour un concours de danse.
Rigueur et privation
Sans lourdeur, la réalisatrice Maïmouna Doucouré décrit deux systèmes antagonistes qui s’imposent aux femmes en devenir. Il y a d’abord celui de la tradition, qu’elle avait commencé à explorer dans son premier court métrage professionnel, Maman(s), présenté dans plus de 200 festivals et primé presque partout, notamment aux César, en 2017. On y trouvait déjà une famille polygame, une première épouse (également interprétée par Maïmouna Gueye) dévastée par l’arrivée d’une seconde femme dans le foyer, et une fillette encaissant la nouvelle, cachée sous le lit parental.
‘mougn’, ‘supporte’, par respect de Dieu, pour le bien de tes enfants… »
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