Le choix de l’Afrique

Publié le 15 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

En faisant connaître son intention de mettre à la disposition ?de la République démocratique du Congo (RDC) 5 milliards ?de dollars pour construire les routes, les voies de chemin ?de fer, les hôpitaux et les cliniques qui lui manquent si cruellement, la Chine a lancé à l’Occident et à sa politique d’aide au développement de l’Afrique le plus grand défi auquel il ait eu ?à faire face à ce jour. Les pays africains doivent faire un choix, ?si endettés, si mal gouvernés ou si déchirés par des conflits qu’ils soient. D’un côté, ils peuvent accepter les difficultés auxquelles les exposent les donateurs occidentaux traditionnels pour recevoir des fonds qui souvent tardent à arriver et qui sont en fin de compte insuffisants. De l’autre, ils peuvent, sans se soucier du sens des responsabilités ou des droits de l’homme, se faire payer cash des infrastructures garanties par les ressources minières dont la Chine a besoin. Et pas seulement la Chine. Le Brésil, la Russie et l’Inde suivent son exemple, même si c’est à une échelle plus modeste.

La RDC est le dernier des pays africains à s’être vu proposer une telle offre. Mais celle-ci intervient à un moment critique des négociations avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) sur l’annulation de la dette congolaise. La RDC réfléchit aux moyens de remplir les conditions exigées pour obtenir le soutien budgétaire du FMI. Elle peut se retrouver libérée de sa dette et en situation d’avoir droit à l’aide de la Banque mondiale et d’autres donateurs si l’accord se fait. Les sommes en cause dans la proposition chinoise sont simplement plus importantes : elles équivalent à environ 500 % des exportations de la RDC. Par rapport aux ressources actuelles du pays, elles dépassent de très loin tout ce qui a été jusqu’ici proposé à l’Angola ou au Soudan. La Banque mondiale, le FMI et la Banque africaine de développement (BAD) cherchent de toute urgence une réponse.
Il ne fait pas de doute que la stratégie développée par Pékin pour se ménager des ressources sûres et de l’influence, ouvrir des marchés à ses entrepreneurs, avoir accès aux services et aux produits de l’Afrique est passée à la vitesse supérieure. Les donateurs traditionnels doivent se montrer plus souples et plus ambitieux s’ils veulent rester dans la course. Mais ils ne doivent pas renoncer à exiger que l’argent soit dépensé honnêtement et utilement, comme on le souhaite déjà dans les couloirs de la Banque mondiale et de l’Union européenne.

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Il serait stupide de considérer que 5 milliards de dollars ou même cinq fois cet investissement en RDC suffiront à faire la différence. Les pays africains sont flattés par leur nouveau soupirant, mais ils doivent rester prudents.
L’Afrique a besoin de la rapidité et de l’efficacité avec lesquelles ?la Chine peut les doter d’infrastructures. Mais sans la liberté, le sens des responsabilités et la bonne gouvernance que l’Occident a tardivement essayé d’exporter, ces dernières seront, comme les routes et les barrages du passé, avalées par la jungle.

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