L’affaire Elf décryptée

Avec Les Prédateurs, la chaîne française Canal+ s’attaque à la « Françafrique ».

Publié le 15 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Après le film L’Ivresse du pouvoir de Claude Chabrol (2006), c’est au tour du réalisateur Lucas Belvaux de s’emparer de l’un des plus grands scandales politico-financiers de ces dernières années, l’affaire Elf. Tourné en partie au Burkina Faso, Les Prédateurs se déroule en deux volets (2×100 min). Dans cette fiction engagée et pédagogique, le réalisateur aux multiples facettes – il est aussi acteur et scénariste – a fait le choix d’insister sur le volet politique de l’histoire avec un coup de projecteur sur les pots-de-vin, les corrompus et la « Françafrique ». Le premier épisode, programmé pour le 15 octobre sur Canal+, démarre en 1988, lorsque Loïk Le Floch-Prigent, campé par Aladin Reibel, prend la présidence d’Elf. Avec son ami et bras droit Alfred Sirven, interprété par Philippe Nahon, nommé directeur aux affaires étrangères d’Elf, il hérite d’un fonctionnement opaque géré par André Tarallo, le « monsieur Afrique » du groupe, incarné par Claude Brasseur. Très rapidement, le train de vie des trois hauts responsables s’envole. Se développe en même temps un système de rémunération des chefs d’État africains en échange de l’exploitation du pétrole. Le tout, tacitement approuvé au plus haut niveau de l’État français.
Exit donc les histoires de chaussures de Roland Dumas facturées à 11 000 francs ou encore les appartements de sa maîtresse Christine Deviers-Joncour, Lucas Belvaux préfère se concentrer sur les vrais faits : le détournement de fonds d’un montant avoisinant 300 millions d’euros au détriment de la compagnie pétrolière. Les caméras montrent la chute du trio Le Floch-Sirven-Tarallo, mais aussi l’influence d’Elf en Afrique. Tout au long des deux parties (le second volet est prévu pour le 22 octobre), aucun nom de personne ou de lieu n’a été changé. C’est donc clair dès le départ, toute ressemblance avec des personnages ou des événements existants n’est pas du tout fortuite. Le ton est donné et les faits sont minutieusement rapportés. « Cela a représenté un travail de trois ans », explique le scénariste Jacques Maillot. Pour mieux coller à la réalité, il s’est inspiré des quelque 800 pages de jugement et 400 pages d’ordonnance de renvoi du procès des protagonistes de l’affaire Elf, qui avait débuté en novembre 2002 devant la cour d’appel de Paris. Canal+ semble se spécialiser dans les téléfilms inspirés de faits réels. Après Les Prédateurs, elle diffusera, en novembre, un téléfilm sur le génocide rwandais et l’opération Turquoise, mis en scène par Alain Tasma, et en 2008, une fiction sur la traque de Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale, réalisée par Laurent Jaoui.

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