Formations en Afrique : le choix des professionnels

Cabinets de recrutement et responsables de ressources humaines des multinationales constatent de nombreux efforts d’amélioration dans les écoles africaines.

Publié le 15 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.

Amphithéâtres surpeuplés, grèves des enseignants, installations vétustes bon nombre d’universités africaines connaissent toujours de sérieux dysfonctionnements, donnant une image très négative de la qualité de l’enseignement supérieur dispensé sur le continent. Mais les cabinets de recrutement et les responsables de grands groupes multinationaux interrogés par Jeune Afrique font un constat différent. Pour ces professionnels qui embauchent chaque année des centaines de cadres pour occuper différents postes dans des entreprises sur le continent, de nouvelles formations émergent et, globalement, la situation s’améliore.
Dans son bureau de Neuilly-sur-Seine, en région parisienne, Paul Mercier, directeur Afrique et Maghreb du cabinet de recrutement Michael Page, explique : « On sent une évolution, pas forcément par nos contacts avec les écoles, mais par l’intermédiaire de nos clients qui sponsorisent certaines formations. » C’est le cas du groupe bancaire panafricain Ecobank, qui a signé une convention de partenariat avec le Centre africain d’études supérieures en gestion (Cesag), à Dakar, dans le cadre d’un master en « Banque et finance ». Institution post-universitaire de formation entrée en activité en 1985 pour servir l’Afrique de l’Ouest, le Cesag forme aujourd’hui des managers pour tout le continent. Les stages de ses étudiants se transforment fréquemment en premier emploi. Un exemple parmi d’autres qui témoigne que les entreprises trouvent désormais, au Sénégal ou ailleurs sur le continent (voir encadré), les compétences qu’elles recherchent pour leurs filiales africaines.
Joël-Éric Missainhoun, membre associé du cabinet de recrutement Afric Search, confirme la tendance : « À l’origine [Afric Search a été créé en 1996, NDLR], nous traitions beaucoup de retours d’Africains. Il s’agissait de rechercher en Europe ou aux États-Unis les cadres dont nos clients avaient besoin. Aujourd’hui, nous les embauchons sur place, qu’ils aient été formés à l’international ou sur le continent. Souvent, ces derniers sont moins chers, ils possèdent une meilleure adaptabilité et offrent tout autant les garanties de qualité requises par les multinationales. » Paul Mercier, de Michael Page, renchérit : « Face à l’africanisation des effectifs des entreprises internationales, les écoles africaines sont condamnées à améliorer le niveau de leurs formations. »

L’amélioration est confirmée par l’intérêt récent que les grandes écoles françaises portent à certaines de leurs consurs africaines. Depuis 2004, la prestigieuse École des hautes études commerciales (HEC) a ouvert un bureau au Sénégal dans le but de nouer des partenariats sur le continent. L’un d’eux est déjà concret, avec l’Institut supérieur de management (ISM) de Dakar : « Un rapprochement valorisant aux yeux des entreprises, car elles en déduisent que l’ISM répond aux normes de qualité occidentales », témoigne Jean-Luc Ricci, chargé de mission d’HEC pour l’Afrique. À Tunis, l’école d’ingénieurs SupCom propose quant à elle un double diplôme avec Télécom Paris, l’ex-École nationale supérieure des télécommunications (ENST), régulièrement classée parmi les cinq meilleures formations françaises d’ingénieurs. Au-delà des filières d’excellence, Cheikh Daff, responsable RH Sogea Satom, filiale du groupe Vinci présente dans 23 pays en Afrique, salue aussi les compétences des bac + 2 : « Ils ont un bon niveau, sont à l’aise avec l’informatique et savent se vendre. »
Mais tous les besoins des entreprises ne sont pas couverts pour autant. Certains profils s’avèrent même particulièrement difficiles à trouver. Oulimata Kané, responsable des ressources humaines de Sonatel, l’opérateur sénégalais de télécoms, constate que si les commerciaux sont monnaie courante en Afrique de l’Ouest, le recrutement de spécialistes du marketing ou d’ingénieurs réseau est beaucoup plus complexe. « Le problème, c’est que peu d’écoles viennent nous consulter pour connaître plus précisément nos besoins », regrette-t-elle. Confronté aux mêmes difficultés au Botswana, le groupe France Télécom, maison mère de Sonatel, envisage cette fois une démarche plus active. C’est lui qui pourrait chercher une formation partenaire pour monter un cursus adapté à ses métiers.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires