Chine : le Parti communiste en congrès

Publié le 15 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.

Les travaux du 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC), à partir de ce lundi 15 octobre, à Pékin, constituent une grille de lecture de cette Chine qui n’en finit de surprendre le monde. Mission délicate tant ce parti créé en juillet 1921 s’est métamorphosé. Sa densification désarçonne les militants. Avec plus de 70 millions de membres, le PCC n’est plus ce parti chétif qui n’en comptait qu’une soixantaine à sa naissance. Devenu seul maître à bord, de 1935 jusqu’à sa mort en 1976, Mao Zedong lui fera jouer un rôle décisif dans la lutte contre les forces d’occupation étrangères… En proclamant la République populaire de Chine, le 1er octobre 1949, c’est sans surprise qu’il en fait la principale structure exécutive du pays.
Les instances de décision du PCC seront à l’uvre à l’occasion de ce 17e congrès. Le comité permanent du Politburo, composé de 9 membres, en est la plus importante. Une vingtaine de membres du Politburo sont leurs relais immédiats. Plus éclectique, le comité central du Parti, comptant 2 500 membres, n’est cependant pas à négliger. C’est en son sein que fut validée, en décembre 1978, lors du 3e plénum du 11e comité central, la politique d’ouverture et de réforme proposée par Deng Xiaoping, le successeur le plus emblématique de Mao.

Le flirt du PCC avec l’économie de marché est une preuve de sa mutation. Son sigle, ricanent certains, pourrait signifier Parti capitaliste chinois. L’architecte de cette évolution est Deng Xiaoping. Il l’a initiée à la mort de Mao. Pour bien remettre les pendules à l’heure, Deng effectue, en février 1992, une grande tournée dans le sud du pays afin de vanter les mérites de la modernisation. Un an plus tard, il pousse le Parti à faire sienne la conception de l’économie socialiste de marché.
Le 17e congrès du PCC reste sur cette rampe de la modernisation. Quatre priorités sont ciblées : agriculture, économie, science et armée. Ses travaux vont militer pour la poursuite des réformes. Car les congressistes savent que l’adhésion de leur pays à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en 2001, leur impose cette voie étroite. Les principaux points d’interrogation du congrès sont politiques. Certes, on peut parier que Hu Jintao sera reconduit pour un second mandat de cinq ans à la tête du Parti. Ayant les mains plus libres, il tentera de laisser son empreinte sur le pays et le Parti. Son ambition est de bâtir une « société harmonieuse », fidèle aux préceptes éthiques de Confucius, le sage qui sert de repère aux Chinois depuis le Ve siècle avant Jésus-Christ. On ne sait pas s’il parviendra à évincer Zeng Qinghong du comité permanent du Politburo. Cet ancien bras droit de Jiang Zemin, son prédécesseur, serait, à 68 ans, frappé par la règle non écrite qui invite les plus âgés à s’effacer. Dans cette bataille feutrée pour le pouvoir, on peut se demander si Hu Jintao respectera la tradition des deux mandats à la tête du Parti. Et quelle va être son attitude face à la nécessité de lui trouver un successeur en 2012 ?
Ce remplaçant sera choisi parmi les 9 membres du comité permanent du Politburo. Deux hommes tiennent la corde. Le premier est Li Keqiang. Secrétaire du PCC dans la province de Liaoning, dans le Nord-Est, cet homme de 52 ans est un produit de la Ligue des jeunesses communistes. Comme Hu Jintao. L’autre favori des pronostics est Xi Jinping. Âgé de 54 ans, actuel boss du Parti à Shanghai. À l’image de Jiang Zemin. Son atout : il est le fils d’un des anciens du Parti. Lequel des deux sera promu au comité permanent du Politburo ? Y feront-ils ensemble leur entrée ? Y aura-t-il un troisième larron ?

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Dans tous les cas de figure, gestion collégiale et consensus sont de rigueur au sein d’un Parti communiste où le temps des démiurges, comme Mao ou Deng, semble être révolu. L’heure des technocrates, scientifiques, hommes d’affaires et intellectuels s’ouvre. Nationalisme, stabilité, modernisation et poursuite de la politique d’une seule Chine, pour freiner les velléités indépendantistes de Taiwan, ont remplacé, chez eux, la vulgate communiste. Leur baromètre a changé. La preuve : pour n’avoir pas su contenir la surchauffe de l’économie, en laissant filer l’inflation, le Premier ministre Wen Jiabao pourrait en faire les frais. Le seul sujet que le congrès n’évoquera pas, tout en y pensant, c’est la démocratisation politique.

*Adama Gaye est l’auteur de Chine-Afrique : le dragon et l’autruche (éditions L’Harmattan).

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