Ce que l’Afrique attend de DSK

Avant son élection, le nouveau directeur général a pris plusieurs engagements avec le continent. Reste maintenant à les traduire dans les faits.

Publié le 15 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.

S’il est impossible de percer le secret du vote pour la désignation du nouveau directeur général du Fonds monétaire international (FMI), le 28 septembre, à Washington, les recoupements permettent d’avancer que les deux représentants de l’Afrique au conseil d’administration du Fonds ont apporté leurs voix au socialiste français Dominique Strauss-Kahn.
Les présidents sud-africain Thabo Mbeki, égyptien Hosni Moubarak et béninois Boni Yayi notamment ayant soutenu l’ex-ministre français de l’Économie, le chef de l’État sénégalais Abdoulaye Wade avait résumé le sentiment le plus communément partagé sur le continent en déclarant, le 27 juillet : « Nous pensons qu’il sera très attentif aux problèmes du Tiers Monde et particulièrement aux problèmes africains. »
Il faut dire que DSK avait habilement commencé sa tournée électorale planétaire par l’Afrique, à la fin du mois de juillet. Il avait désamorcé les réticences du ministre sud-africain des Finances Trevor Manuel – que certains voyaient candidat à la direction générale du FMI – en rendant visite en premier au président Mbeki, à Pretoria, le 29 juillet. Le lendemain, il était à Maputo (Mozambique) et rencontrait les gouverneurs des banques centrales et les ministres africains des Finances qui se sont « réjouis de son engagement à mettre l’Afrique au centre des réformes, à tenir des consultations régulières avec eux au plus haut niveau et à prendre leurs préoccupations en considération ».
Car DSK a tenu des propos très doux aux oreilles africaines. « Il a, par le passé, pris des positions sur la gouvernance mondiale qui prouvent qu’il s’efforcera d’accroître le poids d’une Afrique fort peu représentée au sein du FMI », souligne Jean-Jacques Gabas, maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris et spécialiste du développement. « Il est proche des positions du Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz et critique les conditions que le Fonds impose aux pays africains avant de les aider. »
L’ex-ministre a souligné à plusieurs reprises qu’il y avait trop peu d’Africains au sein du personnel du FMI et qu’il entendait y remédier, afin que les conseils donnés par le Fonds aux pays du continent soient adaptés à chaque cas. Il a pris bonne note de la réflexion du Ghana, qui s’est plaint que sa « bonne conduite » n’améliore pas le niveau de vie de sa population, et préconisé que le FMI se penche sur l’emploi et les conditions de vie autant que sur la stabilité financière de chaque pays.

« Défendue par la France et par DSK, l’idée que le FMI doit continuer à intervenir en Afrique plaît aux Africains, commente Pierre Duquesne, administrateur du Fonds pour la France jusqu’à la fin septembre. De même, je ne doute pas que DSK ait entendu les vux du continent sur la gouvernance, c’est-à-dire en matière de droits de vote et d’encadrement. » On peut imaginer aussi que l’Afrique, consciente qu’une plus grande place faite aux pays en développement suppose que la vieille Europe consente à réduire son nombre de voix et de sièges, ait jugé que pour faire passer cette réforme douloureuse il valait mieux en confier la responsabilité à un Européen.
Dominique Strauss-Kahn traduira-t-il dans les faits les bonnes intentions qu’il a manifestées tout au long de sa campagne ? Il en a donné quelques preuves en consacrant une partie de sa conversation avec le président brésilien Lula à l’aide à l’Afrique. Les Africains peuvent aussi compter sur lui pour éviter que la montée en puissance des pays émergents au sein du FMI ne se fasse à leur détriment.
« Il a repris, en partie, une de nos idées et préconisé que, sur les sujets importants, une majorité soit requise parmi les pays et non plus seulement en nombre de voix. Cela pourrait donner plus de poids aux Africains, déclare Sébastien Fourmy, porte-parole de l’ONG Oxfam France. Reste que nous ne savons pas s’il rééquilibrera les conditionnalités imposées aux pays en développement et non aux pays riches. Recentrera-t-il la surveillance et la prévention du FMI, aujourd’hui focalisées sur les pays pauvres, ou bien s’intéressera-t-il aux paradis fiscaux et aux États-Unis, qui accumulent les déficits ? » Réponses à ces questions en 2008.

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