Bénéwendé Sankara

Président de l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste

Publié le 15 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

L’avocat Bénéwendé Sankara préside l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (Unir/MS), l’un des principaux partis d’opposition. Candidat à la présidentielle de 2005, il a réalisé le deuxième score, ne récoltant que 4,94 % des voix. Son parti compte quatre élus à l’Assemblée nationale.

Jeune Afrique : Vingt ans après l’accession au pouvoir de Blaise Compaoré, quel bilan tirez-vous de ces deux décennies ?
Me Bénéwendé Sankara : Sur les vingt années que Blaise Compaoré a passées au pouvoir, je distingue deux périodes. La première, de 1987 à 2005, est surtout marquée par son combat pour se faire accepter. Durant cette période, le chef de l’État a été confronté à de nombreuses crises, dont celle consécutive à la mort du journaliste Norbert Zongo, preuve du rejet dont il a fait l’objet à la suite de son accession au pouvoir. Mais depuis la révision de la Constitution qui a permis sa réélection en 2005, il a l’impression d’avoir été légitimé par les urnes et se sent plus à l’aise pour mettre en uvre des projets de société.

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Quelles réformes portez-vous à son crédit ?
La politique ultralibérale de Blaise Compaoré a entraîné une grande paupérisation de la population, et il reste l’un des pays les plus pauvres du monde. Toutefois, il faut reconnaître qu’avec l’aide de la communauté internationale il a réalisé le bitumage des routes qui a conduit au désenclavement du pays. Il a également lancé de grands chantiers d’aménagement urbain à Ouagadougou. Et un effort de propreté a été fait dans la capitale. Je retiens aussi le système d’adduction d’eau, la couverture du territoire par le réseau téléphonique et la construction d’un certain nombre de barrages. J’observe enfin avec attention la récente mise en place de la « gratuité » de la scolarité primaire dans certains départements ruraux, en espérant qu’elle ne se fera pas au détriment de la qualité de l’enseignement. Mais quand je compare tout cela avec le train de vie de nos dirigeants, je me dis qu’on aurait pu faire beaucoup plus pour le pays

Beaucoup d’acteurs politiques burkinabè reconnaissent qu’il a contribué à la démocratisation du pays. Qu’en pensez-vous ?
Certes, il y a eu des avancées. Des institutions ont été créées, comme le Comité d’éthique ou la Commission électorale nationale indépendante (Céni), qui ont permis de renforcer le processus démocratique. Depuis 2002, l’opposition peut également participer aux élections et la vie parlementaire a repris. Mais il s’agit essentiellement de compromis nés de la crise de 1998, qui n’ont eu pour objectif que de calmer la colère du peuple. Dans ce domaine, ce n’est que sous la contrainte que Blaise Compaoré s’est résigné à faire des concessions. Et aujourd’hui, ces acquis sont remis en cause. La preuve, il a décidé de fêter le coup d’État du 15 octobre 1987 qui l’a porté au pouvoir. C’est une dénégation de l’État de droit.

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