Anniversaire(s)

Publié le 15 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.

Blaise Compaoré a célébré, le 15 octobre, son vingtième anniversaire à la tête du Burkina. À 56 ans seulement, il fait donc figure d’ancien au sein du club très select des présidents africains. Dans le sillage du Gabonais Omar Bongo Ondimba et du Libyen Mouammar Kadhafi (bientôt quarante ans au pouvoir), seuls Dos Santos (Angola), Obiang Nguema (Guinée équatoriale), Mugabe (Zimbabwe), Biya (Cameroun), Conté (Guinée) et Museveni (Ouganda) ont accumulé plus d’expérience que lui sur le continent. Quant au Tunisien Ben Ali, il fêtera également son vingtième anniversaire, le 7 novembre prochain.
En deux décennies, le Burkina est certainement, avec la Tunisie justement, le pays d’Afrique qui a le plus changé physiquement, malgré la relative faiblesse de ses ressources. Routes, grands projets, ponts, barrages, projet Zaca, Ouaga 2000, futur aéroport, nouveau CHU de la capitale : la liste des réalisations, achevées ou en voie de l’être, est longue. Mais, comme la plupart des pays qui se sont lancés dans ces grands projets d’infrastructures, la population a souvent l’impression que tout cet argent dépensé ne lui profite pas vraiment. Pas assez en tout cas. Et les critiques de fuser, montrant du doigt l’émergence fulgurante d’une classe de nantis qui jouissent de tous les droits, roulent en 4×4 de luxe et habitent les villas cossues des beaux quartiers. Des privilégiés qui ont pris le train du développement en marche quand tant d’autres restent à quai.

Le chef de l’État mesure cette fracture et semble presque s’en accommoder. « Je ne connais pas de pays où la création de richesse profite en même temps, à tout le monde et de la même manière » a-t-il déclaré dans l’interview qu’il nous a accordée au début de ce mois (voir J.A. n° 2439). Certes, ce pays « magique » n’existe pas, mais certains répartissent mieux que d’autres les fruits de la croissance.
Car c’est là, à n’en pas douter, que réside le vrai défi que devra relever ce pays de près de 15 millions d’habitants. Car pour le reste, le Burkina a déjà parcouru un long chemin. La stabilité qui fait tant défaut en d’autres contrées n’est pas une chimère au « pays des Hommes intègres », la plupart des indicateurs économiques sont bons, la pauvreté recule, l’espérance de vie augmente (trop peu il est vrai), les femmes jouent un rôle croissant au sein de la société, et des secteurs trop longtemps restés en déshérence, comme l’éducation et la santé, enregistrent enfin quelques progrès notables.
Les célébrations de ce vingtième anniversaire sont l’occasion de dresser un bilan pour Blaise Compaoré et ceux qui, à ses côtés, dirigent le pays. Mais il faudra surtout en tirer des conclusions pour l’avenir. Changer ce qui doit l’être, dans la méthode ou les orientations, ne pas se satisfaire des acquis. En bref, ne pas faire rimer commémoration avec autosatisfaction, comme c’est trop souvent le cas en Afrique.
Pragmatique et ambitieux, « Blaise » ne se sent pas usé par ses années de pouvoir qui consument habituellement tant d’idéaux et d’énergie, éloignent certains hommes des réalités. « L’évolution du monde et les aspirations de la jeunesse (47 % de la population burkinabè a moins de 15 ans) font que tout va plus vite et nécessite plus d’efforts. Ce n’est plus comme il y a vingt ans, il faut s’accrocher », reconnaît le chef de l’État. L’ancien parachutiste aime la stratégie et l’action : cela tombe bien.

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