Un plan Marshall pour la RDC

Publié le 15 septembre 2003 Lecture : 3 minutes.

Je propose aux autorités de mon pays un « plan national de développement sur trente ans ». Je l’ai conçu comme une sorte de plan Marshall destiné, comme pour l’Europe au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à reconstruire la République démocratique du Congo. Ce plan permettrait de sortir mon pays de la situation chaotique dans laquelle il se trouve actuellement, pour devenir un pays prospère et stable. Contrairement à d’autres plans axés sur la distribution de nourriture et de médicaments aux populations, la stratégie que je préconise vise à créer des opportunités pour que le peuple congolais puisse se prendre lui-même en charge. Sa mise en oeuvre nécessiterait environ 500 milliards de dollars, soit en moyenne 16 milliards à 17 milliards par an.
Cette somme peut sembler colossale, mais elle peut être mobilisée grâce à des politiques saines et à des institutions stables. Je suis convaincu que les Congolais participeront alors comme un seul homme à la reconstruction de leur pays. Le secteur privé sera, en effet, la principale force motrice de la croissance économique. C’était le cas en Asie, ce le sera aussi en RDC. La philosophie économique est basée sur le concept de libéralisme et d’insertion dynamique et progressive du pays dans le système économique mondial. Cela implique une tarification des biens et services fondée sur le jeu de l’offre et de la demande, la normalisation des relations avec la communauté internationale des bailleurs de fonds, une réhabilitation des infrastructures économiques (énergie, télécoms, transport), la révision du système judiciaire, la restructuration du secteur financier et le désengagement de l’État du secteur productif.
Mon plan comporte également une stratégie pour la restructuration de l’armée, des services de sécurité, de l’administration publique, des services diplomatiques, de l’éducation et des services sanitaires. Il met particulièrement l’accent sur la mise en place d’institutions stables et démocratiques en vue de promouvoir la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des affaires de l’État et l’instauration d’un environnement attrayant pour les investisseurs locaux et étrangers.
Les hommes d’affaires seront incités à investir en vue de transformer localement les matières premières abondantes en produits finis. Ainsi, des millions d’emplois seront créés localement. Il résultera de la diversification économique une augmentation de la productivité et des revenus à l’exportation, un excédent commercial, une balance des paiements excédentaire et une monnaie locale forte et stable. Il est attendu de chacun des principaux acteurs clés (le gouvernement, le secteur privé, le public et les donateurs) qu’ils jouent un rôle positif dans le processus de développement.
La condition préalable à la réussite de ce plan, c’est bien entendu le retour à la paix et à la stabilité. Si le plan est mis en oeuvre, le niveau de vie des Congolais augmentera considérablement passant de 110 dollars (le niveau le plus bas en Afrique actuellement) à environ 4 000 dollars en 2030-2035. La RDC connaîtra le plein-emploi dès la quinzième année de mise en oeuvre de cette stratégie. Elle aurait même besoin d’importer de la main-d’oeuvre qualifiée. Une telle réussite confirmerait la RDC dans son rôle de moteur économique au sein de l’Afrique et de stabilisateur dans la région des Grands Lacs.
Les différents volets du plan, à savoir son financement, le calendrier de sa mise en oeuvre, les indicateurs de performance et la structure institutionnelle ont été passés au crible. Son succès dépendra de l’accord des autorités politiques, de l’adhésion de la population, de l’appui de la communauté internationale et de la réponse, certainement positive, du secteur privé tant local qu’étranger. Le plan pourra être soumis à un référendum populaire et à la ratification du Parlement. Il s’intégrera parfaitement au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).

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