« Ostalgie » allemande
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Ce fut le film-événement de l’année en Allemagne. Six millions de spectateurs, plus que pour Matrix Reloaded ou Terminator 3, ont vu Good Bye Lenin à l’est comme à l’ouest du pays. Un véritable phénomène sociologique. Car rien ne semblait prédisposer à un tel succès ce long-métrage d’un quasi-inconnu, sans vedettes au générique, portant sur un thème politique et historique – l’agonie du régime communiste de la RDA – fort peu glamour.
Le scénario très imaginatif et fort bien ficelé de cette tragi-comédie explique pour une bonne part l’engouement du public allemand. Difficile de ne pas apprécier cette belle histoire. Une Berlinoise de l’Est, toute dévouée au Parti, tombe dans le coma pendant huit mois à la veille de la chute du Mur. Son fils Alex, pour « éviter tout choc émotionnel », décide de lui cacher aussi longtemps que possible après son « réveil » l’effondrement de la RDA.
Une situation qui se prête à toute une série de scènes drôles ou mélodramatiques puisqu’elle suppose que la convalescente, presque un an après la réunification, continue de croire à l’existence d’un État communiste à l’est de l’Allemagne. Son entourage et ses amis, mobilisés par Alex, vont devoir, pour maintenir la supercherie, utiliser toutes sortes de stratagèmes savoureux : retrouver divers objets et conserves d’aliments typiques de la RDA, fabriquer sur cassettes de faux journaux télévisés avec un faux présentateur s’acharnant à démontrer comment le gouvernement de Berlin-Est continue à damer le pion à ces malheureux « cousins » de l’Ouest écrasés par leur régime capitaliste, tenter d’expliquer que Coca-Cola a dû céder sa licence à une entreprise de Berlin-Est, etc.
Pourtant, en dépit de ce superbe scénario, le film ne décolle jamais vraiment. Malgré la réussite de nombreuses scènes plus ou moins amusantes, la réalisation reste très plate. Pour ne pas avoir choisi entre deux genres, celui du film burlesque qui se permet toutes les caricatures et celui du film « social » allégorique qui explore avec sensibilité et intelligence les conséquences d’une situation absurde, Wolfgang Becker ne réussit ni à nous faire rire sans retenue, ni à nous émouvoir vraiment. Mais sans doute est-ce parce que nous ne sommes pas allemands, et donc peu susceptibles d’éprouver ce sentiment de nostalgie pour l’époque de la RDA, cette « Ostalgie » qui, paraît-il, envahit aujourd’hui le pays du chancelier Schröder confronté aux affres du chômage et de la fin de l’État-providence.
Sorti à Paris le 10 septembre.
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