Quand les projets industriels camerounais se heurtent à la question foncière
Face aux contestations des populations locales, l’État a suspendu le bail qu’il avait accordé à l’industriel Emmanuel Néossi pour son projet de cacaoyère. Un mouvement symptomatique de la faiblesse des textes qui régissent le foncier.
Guy Roger Ndong exulte encore, deux semaines après la suspension, le 14 août par le ministre du Cadastre et des Affaires foncière, d’une concession de 33 000 hectares de terres attribuée à Neo Industry SA, pilotée par Emmanuel Néossi, pour le développement d’une cacaoyère dans le département de la vallée du Ntem.
« Une décision salutaire » estime ce cadre d’administration, qui avait pris une part active au mouvement de contestation initié par les ressortissants dudit département face à ce qu’ils estimaient être « une expropriation ».
Réunis autour d’un mouvement dénommé « Touche pas à ma terre… Stop Abime té », élites, chefs traditionnels et avocats de la région avaient rencontré le préfet Bouba Haman le 8 août dernier, pour dénoncer le contrat attribué à l’entreprise Neo Industry, entraînent sa suspension « suspendre jusqu’à nouvel avis ».
La partie visible d’une clameur profonde portée des semaines plus tôt par de nombreux villageois et ressortissants de la vallée du Ntem anonymes, plus ou moins au fait des contours de l’opération.
L’État veut nous exproprier de nos terres au bénéfices d’une société de droit privé
L’affaire des terres de la vallée du Ntem est loin d’être un cas isolé. Au cours de ce même mois d’août, le préfet de la Vina (région de l’Adamaoua), Fritz Dikosso-Seme, a été chargé par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, d’une enquête administrative sur l’attribution de 2 000 hectares de terre en 2013 à l’entreprise Spoproicam, une société de droit camerounais spécialisée dans la culture de maïs et de soja, dirigée par Raymond Ndiffo.
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