DIARRA, ou l’éternel médiateur

Publié le 16 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

«Si le Forum échoue, s’il ne débouche pas sur un véritable pacte républicain, alors j’aurai peur pour mon pays. » Si le pays en question ne s’était retrouvé quelques mois plus tard, le 19 septembre 2002, au bord de la guerre civile, Seydou Elimane Diarra aurait pu se satisfaire d’avoir tenu de tels propos prémonitoires. Mais ce que redoutait le président de ce Forum pour la réconciliation nationale, organisé d’octobre à décembre 2001, s’est produit. Et, depuis un an, la Côte d’Ivoire essaie de se sortir de la crise la plus grave de son histoire. Quand elle éclate, l’ancien Premier ministre de la transition (décembre 1999-octobre 2000) est là, en spectateur inquiet et « effondré ».
Cette nouvelle secousse a, laisse-t-il entendre, « annihilé tout ce que j’avais construit ». Il regrette que les quatorze résolutions tirées du Forum et soumises au président Laurent Gbagbo n’aient pas connu un sort heureux. Tout comme il ne sortira rien ou presque du conclave qui a réuni le 22 janvier 2002 à Yamoussoukro Robert Gueï, l’ancien chef de l’État Henri Konan Bédié, l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Il finira même par ne plus jouer le rôle de facilitateur dans l’affaire du certificat de nationalité d’Alassane Ouattara. Seydou Diarra, qui mettait un peu d’ordre dans ses notes pour la rédaction de ses Mémoires, s’emmure dans un silence tétanisé, adopte un profil bas, avant de se reprendre et de redevenir, comme hier, le plus petit dénominateur commun entre les différents acteurs de la crise.
Dans les premières semaines qui ont suivi la tentative de putsch, il s’est successivement rendu à Luanda et Libreville, à la demande de Laurent Gbagbo qu’il avait par ailleurs accompagné le 29 septembre 2002 à Accra, lors du premier sommet que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a consacré à la situation en Côte d’Ivoire. Il devait également agir « à titre personnel » pendant que des négociations étaient engagées, dès le 30 octobre, entre le pouvoir et les rebelles. Il a ainsi tenté (en vain) de faire venir à Abidjan les présidents burkinabè Blaise Compaoré et malien Amadou Toumani Touré, ainsi que le Ghanéen John Kufuor qui, en fin de compte, sera le seul à faire le déplacement le 7 novembre. Les deux premiers se retrouveront un mois plus tard à Bamako, avec Laurent Gbagbo, cependant que Seydou Diarra garde le contact « avec toutes les parties ».
C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles le président Gbagbo lui demandera d’assister à titre d’observateur à la table ronde de Marcoussis, dans la banlieue parisienne, qui débouche, le 24 janvier 2003, sur les accords du même nom. Ceux-ci reprennent et consolident tout ou partie des quatorze propositions de sortie de crise qu’il avait formulées à l’issue du Forum. La suite est connue. Seydou Elimane Diarra est nommé par le président Gbagbo Premier ministre du « gouvernement de réconciliation nationale ». Et entend demeurer à son poste jusqu’à l’élection présidentielle d’octobre 2005. Conformément aux dispositions de Marcoussis.

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